On se souviendra peut-être un jour de Jad Atallah comme de celui qui a permis à des plats traditionnels libanais comme les “fouérigh”de se retrouver sur les étagères des supermarchés. Depuis deux ans, il s’attaque au difficile problème de la durée de conservation des aliments frais. Mais là où certains répondent conservateurs, Atallah, lui, répond technologie.

Dans les usines de son entreprise Smart Gourmet, les aliments sont cuisinés directement sous vide, ce qui permet de préserver les nutriments et d’atteindre une durée de conservation moyenne de six mois. Ces produits sont aujourd’hui distribués dans plus de 400 points de vente au Liban et à Dubaï.

L’entreprise, lancée avec 250000 dollars de fonds propres et un prêt Kafalat de 200000 dollars, a bénéficié du soutien de l’accélérateur Agrytech, et souhaite à présent se développer dans le Golfe et en Europe.

Au départ, rien ne prédestinait Jad Atallah à préparer des petits plats. Après une formation en électronique et télécommunications, c’est d’abord internet qui le fascine. En 1996, il lance sa première entreprise, Delta Net, un fournisseur d’accès à internet au Liban. En 2001, il va au Sierra Leone développer le premier fournisseur d’accès à internet du pays pour le compte du gouvernement. De retour en 2003, c’est l’Irak qui lui tend les bras.

«Le pays était en guerre et tout était à refaire. Le réseau internet était mal développé et la demande très forte, notamment pour téléphoner à l’étranger», se souvient-il. Atallahdéveloppe donc un système de Voix sur IP (VoIP), qui permet de passer des appels téléphoniques à moindre coût en utilisant le réseau internet.

C’est à ce moment qu’il fait la connaissance d’un homme d’affaires libanais installé sur place qui l’embauche au sein de son entreprise, CET Holding, et lui propose un projet difficile à refuser : développer la première chaîne de télévision privée irakienne. «Il m’a tout de suite fait confiance, et cela m’a permis d’évoluer rapidement. Nous partions de zéro et pourtant, Alsumaira a commencé à émettre en 2004.» Après ce projet, Atallah participe au lancement d’une quinzaine d’autres chaînes.

En parallèle, il monte sa propre société de services audiovisuels, qui décroche plusieurs contrats en Irak, notamment pour le développement de la télévision numérique.

À partir de 2009, les contraintes de sécurité deviennent trop pesantes et Atallah se réinstalle progressivement au Liban. En 2012, il sent qu’il est temps de passer à autre chose. Il accepte un dernier projet de télé – une chaîne irakienne qui cherchait à s’installer au Liban – et avec l’argent généré, il lance Mobi Gates.

Une application mobile de véhicules à la demande, Mobi Taxis, doublée d’une agence publicitaire, MobiAds. L’idée est d’utiliser les taxis comme support publicitaire via des écrans passagers à l’intérieur des véhicules et des affichages extérieurs. Mobi Taxis possède actuellement une flotte de 40 véhicules.

Pour se démarquer de ses concurrents, Mobi Taxis joue la carte de la sécurité avec des chauffeurs certifiés et des véhicules suivis en temps réels depuis le siège de la société sur des ordinateurs équipés d’une technologie qui permet de désactiver à distance une voiture en cas de problème.

Autre élément de différenciation, Mobi Taxis se veut solidaire et écolo. D’ici à quelques mois, tous ses véhicules seront électriques. Les chauffeurs, qui reçoivent une formation en interne, peuvent acheter leur outil de travail à crédit et en devenir propriétaires au bout de cinq ans.

Pour cette entreprise, Atallah et ses partenaires ont investi environ deux millions de dollars sur fonds propres. L’entreprise est aujourd’hui rentable, mais peine à lever des fonds au Liban.

«Au début, j’ai été attiré par la circulaire 331 de la Banque centrale, mais j’ai été déçu. En réalité, il est toujours très difficile de lever de l’argent au Liban», dit-il. Mobi Gates est actuellement en discussion avec deux fonds d’investissements basés aux Émirats arabes unis et un autre aux États-Unis.