Bassel el-Koussa, le fondateur et PDG de Quiqup
Bassel el-Koussa, le fondateur et PDG de Quiqup

Quiqup, une société de livraison spécialisée sur le dernier kilomètre – une last-mile delivery start-up dans le jargon de la tech –, est en train de lever plusieurs millions de dollars. Si on en croit un article du Daily Telegraph, cette concurrente directe de l'entreprise britannique Deliveroo aurait assuré un tour de table de quelque 6,3 millions de dollars (5 millions de livres sterling). Un chiffre que conteste toutefois Bassel el-Koussa, fondateur et PDG de Quiqup, qui assure que l’information est erronée. « La levée de fonds n’est pas encore close », justifie-t-il alors qu’il reçoit Le Commerce du Levant dans ses bureaux de l’Ouest londonien.

« Le montant de cette capitalisation importe peu. Il s’agit aujourd’hui de nous associer à de nouveaux investisseurs dans la durée plutôt que de récolter un maximum de capital », assure celui qui a fait ses études de finance et d’économie à l’Université américaine de Beyrouth (AUB) et a grandi à Verdun. Une autre recherche de financement, plus conséquente, pourrait, en revanche, avoir lieu fin 2020.

Lancé à Londres en 2014, la start-up a bénéficié en 2017 d’un premier financement d’un peu plus de 25 millions de dollars (20 millions de livres sterling), de la société d’investissement américaine Jobi Capital. À Londres, elle a réussi à décrocher un contrat avec la chaîne de supermarchés Tesco, l’enseigne H&M ou encore les restaurants Burger King. Elle compte environ 3 500 livreurs free-lance inscrits sur sa plate-forme.

Contrats avec Chalhoub Group et Azadea

Mais en Europe, la compétition est désormais féroce sur le marché de la livraison, même si la plupart des entreprises du secteur sont davantage spécialisées que Quiqup – ainsi, le livreur de plats cuisinés Deliveroo – ou plus lentes à livrer, comme Amazon. Pour assurer sa croissance et sa profitabilité, Quiqup lorgne donc sur la région Mena, sa première zone d’expansion hors du Royaume-Uni.

Le marché est porteur : dans le Golfe, le commerce en ligne pourrait croître de 18 % par an pour atteindre une valeur de plus de 40 milliards de dollars en 2022, d’après les projections prudentes de Quiqup. « Notre implantation sur ces nouveaux marchés peut de toutes les façons se faire à bas coût grâce au déploiement d’équipes restreintes », nous explique Bassel el-Koussa.

La start-up est déjà implantée à Dubaï depuis la fin de 2017. Son bureau, qui est dirigé par le Libanais Dani el-Zein, contribue déjà à près d’un tiers du chiffre d’affaires de la start-up. À Dubaï, Quiqup a ainsi signé avec de grands groupes de distribution libanais comme Chalhoub Group ou Azadea.

Abou Dhabi dans le viseur

Prochain pays où Quiqup entend s’installer dans la région ? « Aucune décision n’a encore été prise. Mais Abou Dhabi est une cible privilégiée, de par sa proximité avec Dubaï. La croissance particulièrement forte du marché saoudien est également une option attrayante », précise Bassel el-Koussa.

Quant au Liban, l’instabilité politique et économique rendent improbable l’installation de la start-up. « La Jordanie offre de meilleures opportunités », ajoute-t-il.

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Après l’AUB, Bassel el-Koussa, 32 ans, a finalisé ses études à Londres, où il a ensuite intégré WPS Challenger, un fonds appartenant à l’homme d’affaires russe, Andrey Cheglakov. Une passion partagée pour le hip-hop et la musique électronique le liera à trois de ses collègues, qui deviendront par la suite les cofondateurs de Quiqup. Leur idée, lui, est d’ailleurs directement inspirée par la qualité des services au Liban. « À Beyrouth, tout se livre en un coup de fil. Même les “dekanés” envoient quelqu’un chez toi. Je me suis demandé pourquoi ce genre de service n’existait pas à Londres, et Quiqup est née ainsi. »

Rami Idriss, l’un des fondateurs, a depuis quitté ses fonctions au sein de la start-up pour se dédier à une entreprise familiale. Mais un autre Libanais, Michel Kaloustian, a pris la relève : il a été l’un des premiers employés de Quiqup et en est aujourd’hui le vice-président.