Dans un contexte de crise économique, le marché immobilier des boutiques est fortement affecté. Les fermetures se succèdent et les locaux se vident. L’agence de conseil immobilier Ramco Real Estate Advisers estime à plus de 180 000 mètres carrées les surfaces commerciales vacantes dans la capitale.

L’Association des commerçants de Beyrouth (ACB) avait tiré la sonnette d’alarme il y a quelques semaines, affirmant que plus de 200 commerces avaient fermé dans la capitale au cours des quinze derniers mois. Ce chiffre reflète l’ampleur de la crise actuelle, notamment dans le secteur immobilier.

Le marché est plombé par deux facteurs majeurs : une offre de boutiques supérieure à la demande et des loyers incohérents par rapport à la situation économique du pays, avec beaucoup de locaux incorrectement estimés.Tant que les propriétaires des magasins n’auront pas compris qu’un loyer ou un prix de vente doit être proportionnel à la rentabilité du local, le problème n’est pas prêt d’être résolu.

Pourtant, la plupart des loyers et des prix ont baissé de 20 à 30 % au cours des dernières années, mais l’abondance des locaux vacants prouve que ces baisses sont insuffisantes.

L’agence Ramco estime qu’il y aurait plus de 1 000 boutiques disponibles dans les vingt principales destinations commerciales de Beyrouth (centres commerciaux exclus). Ce stock représenterait entre 180 000 et 200 000 m2, dont plus de 90 % seraient sur le marché locatif.

Le nombre de locaux commerciaux vacants le plus important se trouve au centre-ville de Beyrouth. Les vitrines vides se multiplient dans les secteurs Étoile, Lazarié, Foch-Allenby et Mina el-Hosn.

Cela fait plusieurs années que les rues autour de la place de l’Étoile sont sinistrées. En difficulté, pour ne pas dire en perdition, les rues Toubia Aoun et Souk Abou Nassar sont quasi vides depuis bientôt quatorze ans. Les valeurs y ont été divisées par trois. L’allègement des mesures de sécurité autour du Parlement n’a pas redynamisé la rue Maarad (malgré les récentes ouvertures d’une poignée de cafés) ni ses parallèles.

Le carré Foch-Allenby, pourtant l’adresse du luxe au centre-ville, n’est pas épargné. Des emplacements y sont vides depuis des années. Le secteur Mina el-Hosn compte des dizaines de locaux à la vente et à la location.

La rue Omar Daouk est emblématique de la crise actuelle. Il s’agit d’un axe important, mais les clients ne peuvent pas s’y garer et les prix ne sont pas réalistes. On y trouve les loyers les plus élevés de Beyrouth. Un local dans la zone des restaurants Metropole, Em Sherif, B Babel se paie entre 1 400 et 1 500 dollars le mètre carré par an au rez-de-chaussée.

Le long de la rue Verdun, les fermetures se sont accélérées après l’ouverture du centre commercial ABC à Verdun au cours de l’été 2017. Les dernières en date sont H&M et Cheesecake Factory. Actuellement, plus de 60 locaux sont disponibles. Certaines boutiques ont divisé leurs loyers par deux, mais restent toujours vacantes. À certains endroits, la rue est une triste enfilade de vitrines désertes, barrées de pancartes « à louer ». Désormais, les meilleurs emplacements ne devraient plus dépasser les 500 dollars le m2 par an.

Certains quartiers comme Gemmayzé, Mar Mikhaël et Badaro sont moins touchés par la vacance commerciale. Il s’agit de destinations dominées par les restaurants, les bars et les cafés.Malgré la présence de quelques locaux vides, les taux d’occupation y restent importants.

Dans le quartier Hamra qui compte encore beaucoup de locaux sous la loi des anciens loyers, les rues Makdessi, Jeanne-d’Arc, Souraty, Bliss et Hamra comptent quelques vitrines vides. À part les locaux où les loyers sont disproportionnés et qui sont inoccupés depuis longtemps, la demande est constante et une boutique correctement réévaluée à la baisse se reloue rapidement. La moyenne des loyers a chuté de 10 à 15 % depuis deux ans.

Les destinations marchandes comme Mar Élias, corniche Mazraa, Barbour/Barbir, Sassine et Charles Malek n’échappent pas à la morosité du marché. Les disponibilités existent. À Sodeco, par exemple, le taux d’occupation est plutôt faible et plus de 2 000 m2 sont vacants. Les loyers demandés varient de 400 à 600 dollars le m2, soit 20 à 30 % au-dessus de leur juste valeur.