Les start-up libanaises n’ont levé que 19 millions de dollars au cours des six premiers mois de l’année, soit 65 % de moins qu’il y a un an, selon la plate-forme de recherche MAGNiTT. Ce ralentissement contraste avec le dynamisme de l’écosystème régional. 

Le rapport MAGNiTT sur les investissements effectués dans l’écosystème des start-up du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord au cours du premier semestre de 2019 révèle une nette baisse de l’activité au Liban. Le montant des capitaux investis dans les start-up au Liban est en effet passé de 55 à 19 millions de dollars en un an, soit une baisse de 65 %, confirmant la tendance déjà observée en 2018 dans le rapport d’ArabNet.

Le fondateur et directeur exécutif de MAGNiTT, Philip Bahoshy, y voit le signe de l’essoufflement de la circulaire 331, mise en place par la Banque du Liban pour encourager les banques à financer de jeunes pousses. « Ce mécanisme a permis de créer un énorme stimulus dans le secteur, mais l’essentiel des fonds ayant été déployés, il y a aujourd’hui moins de fonds disponibles », analyse-t-il.

« Investir plus librement »

Par ailleurs, il évoque l’apparition de cas de faillite de start-up libanaises, des contre-exemples de réussite qui ont rendu la Banque centrale plus prudente dans la mise à disposition de nouveaux capitaux.

Enfin, le développement de l’écosystème rend les contraintes de la circulaire 331 de plus en plus lourdes pour les investisseurs. « Ces financements sont destinés exclusivement aux start-up locales, dont les activités sont circonscrites au Liban. Or, certains investisseurs préfèrent placer leurs capitaux à l’international pour investir plus librement », explique-t-il.

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Le marché libanais a pourtant des atouts. « C’est l’endroit idéal pour se lancer et tester son produit : les coûts y sont relativement bas et le pays possède de nombreux talents », affirme Philip Bahoshy.

Mais le marché est étroit et pour changer d’échelle, les entreprises doivent rapidement cibler l’international. Or lorsqu’une start-up libanaise délocalise son siège à l’étranger, elle n’est plus considérée comme une entité libanaise. « Le Liban est riche de modèles d’internationalisation réussie, comme Anghami, il peine en revanche à attirer des entreprises étrangères », ajoute-t-il.

Dynamisme régional

La situation libanaise contraste en tout cas avec le dynamisme de l’écosystème régional dont le rapport se fait écho. Avec 471 millions de dollars investis au premier semestre 2019, 238 transactions effectuées et un nombre d’investisseurs en augmentation, « on se dirige vers une année record », abonde Philip Bahoshy, qui prévoit un milliard de dollars d’investissements cette année. Pour le fondateur de MAGNiTT, ce dynamisme est soutenu par les efforts menés dans certains pays pour améliorer le climat des affaires et soutenir l’entrepreneuriat.

Le rapport souligne également l’augmentation du nombre d’exits, 17 ce semestre, soit 50 % de plus qu’au premier semestre de 2018 et autant que toute l’année dernière, signe que le secteur gagne en maturité. « Le rachat d’entreprises locales par des start-up internationales, comme dernièrement celui d’Harmonica par le géant américain Matchgroup, est l’aboutissement naturel de plusieurs années de croissance, c’est le signe d’un écosystème en bonne santé », commente Phillip Bahoshy.

Boom de la FinTech

Dernière tendance relevée par le rapport : l’intérêt croissant pour la FinTech, un secteur qui a capté à lui seul 17 % des investissements effectués au premier semestre.

MAGNiTT est une plate-forme de recherche et de données spécialisée dans les start-up de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. Son rapport s’appuie sur la collecte et l’agrégation de données obtenues auprès de plus de 100 institutions de financement. Il s’appuie aussi sur des données publiques ainsi que celles enregistrées sur sa plate-forme par les start-up et institutions financières.