Marie France compte des milliers de points de vente, mais également 40 boutiques indépendantes dispersées sur l'ensemble du territoire, dont huit nouvelles devraient voir le jour d'ici à la fin de l'année.
Marie France compte des milliers de points de vente, mais également 40 boutiques indépendantes dispersées sur l'ensemble du territoire, dont huit nouvelles devraient voir le jour d'ici à la fin de l'année.

C’est dans une filière en voie d’extinction, et en plein marasme économique, que Marie France – marque de collants, lingerie et cotonnades – affiche son succès. Avec un chiffre d’affaires prévu à 30 millions de dollars en 2019, en hausse de 500 % en cinq ans et une part de marché qui avoisine les 80 %, selon son PDG Eddy Abi Nasr, la marque Marie France fait figure d’exception dans l’industrie textile.

Eddy Abi Nasr, qui se targue d’avoir une « vision stratégique à long terme », souligne fièrement être à la tête de la seule usine de collants au pays du Cèdre alors « qu’il y en avait 45 il y a 30 ans ». Les effets de la guerre, une politique industrielle quasi inexistante et la concurrence des importations asiatiques et régionales ont eu raison de la filière, et du secteur textile en général, qui a perdu plus de 60 % de ses manufactures.

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Jusqu’au milieu des années 90, l’usine Marie France – fondée en 1967 par le père d’Eddy Abi Nasr –, répondait à une demande domestique uniquement. Vint ensuite l’étape des exportations. « Nous avons commencé à exporter sous le label Marie France, mais aussi sous d’autres labels principalement vers des pays de la région », explique son PDG qui n’a jamais cessé d’agrandir la gamme. Aujourd’hui, l’usine de collants, qui s’étend sur 22 000 mètres carrés, confectionne également des produits pour de grandes enseignes internationales. En 2018, l’usine a produit 475 000 douzaines de paires de collants et 300 000 douzaines de paires de chaussettes, dont 20 % ont été exportés.

Au-delà des collants, distribués dans 5 000 points de vente au Liban, Marie France produit depuis 2014 une large gamme de cotonnades : des pyjamas aux habits de sport, en passant par les maillots et la lingerie. « Notre stratégie de développement vise à couvrir toute la gamme de vêtements d’intérieur pour femmes pour toutes les saisons, en proposant des produits de qualité à des prix concurrentiels », résume-t-il.

Selon lui, ses produits sont 20 % moins chers que ceux des marques occidentales équivalentes présentes au Liban. Son secret ? « L’absence d’intermédiaires entre la production et les points de vente », répond Eddy Abi Nasr. Des milliers de points de vente, mais également 40 boutiques indépendantes dispersées sur l’ensemble du territoire libanais de plus de 150 mètres carrés chacune – dont huit nouvelles boutiques qui devraient voir le jour d’ici à la fin de l’année. Mais la clé de sa compétitivité c’est son modèle d’intégration verticale. La marque possède, entre autres, ses propres teintureries, une partie des matières premières et sa propre agence publicitaire.

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Malgré la concurrence accrue des enseignes internationales, la marque Marie France n’a cessé de développer son activité. Rien que sur les six premiers mois de l’année, Marie France a augmenté sa masse salariale de 40 % pour atteindre un total de 600 salariés. « Il faut trouver la bonne formule pour répondre aux attentes des consommateurs », résume le PDG de la société, en soulignant qu’il travaille « avec une société de design basée en France pour créer des modèles toujours plus attractifs » et que le défilé de mode annuel organisé par Marie France « est le plus grand défilé de lingerie au Moyen-Orient ».

Pour les mois à venir, Eddy Abi Nasr ne manque pas d’ambition. Marie France va bientôt lancer sa plate-forme en ligne et ouvrir quatre boutiques en Égypte. Et pour la suite ? Plancher sur une collection masculine et tenter l’aventure dans d’autres pays.