En 72 heures, les partis politiques au pouvoir ont fait un miracle : adopter un budget et l’envoyer au Parlement dans les délais constitutionnels ! Du jamais vu depuis au moins vingt ans. Comme quoi quand on veut, on peut. 

Mais leurs pouvoir surnaturels ne s’arrêtent pas là. Ils ont aussi trouvé une recette magique, qui permet de baisser le déficit public de 7,56 % du PIB dans le budget 2019 à 0,6% en 2020, sans coûter une livre de plus aux Libanais. Enfin presque. Les banques, elles, devront payer 600 milliards de livres d’impôts sur les bénéfices supplémentaires, mais pour un an seulement.  Elles devront aussi contribuer à réduire le service de la dette de 50%, « en collaboration avec la Banque du Liban », lit-on dans la fameuse de route adoptée par le gouvernement, sans plus de détails. 

Mais le citoyen n’est pas directement concerné. Et dire que la classe politique a passé des mois à lui expliquer qu’il devait absolument faire des sacrifices, et que sans nouvelles taxes point de salut…Il faut croire que lorsqu’ils sont menacés, ils sont capables d’une imagination débordante. Ou de mensonges éhontés. Comme en 2018, à l’occasion de la fameuse CEDRE, lorsqu’ils avaient adopté un budget avec un déficit à 9% du PIB et que dans les faits, élections obligent, il a atteint 11%.

Mais cette fois, c’est promis, les partis ne vont plus utiliser l’argent de l’Etat pour s’acheter la loyauté de leurs communautés. Ils vont réduire les budgets de leurs différentes caisses de 70%, et fermer les institutions publiques inutiles. « Sans que personne ne perde son poste », précise toutefois Saad Hariri.  La classe politique a tellement changé en 72 heures qu’elle est capable désormais de réduire de moitié le déficit de l’EDL en un claquement de doigt (les tarifs de l’électricité n’ont pas été mentionné). 

Mais le principal signe d’un changement « total de mentalité » selon les termes du Premier ministre, c’est la substitution de tous les investissements publics par des investissements privés, surtout étrangers. Et c’est une très bonne nouvelle car c’est bien connu « les investisseurs étrangers n’acceptent pas le gaspillage et la corruption (sic) ».  On est sauvé.