En quête de liquidités, la société Solidere a drastiquement réduit ses prix sur le remblai du Normandy au centre-ville de Beyrouth. Une stratégie radicale qui lui a permis de multiplier les ventes de parcelles ces derniers mois.


S.R.

Rebaptisé Beirut Waterfront District (BWD), l'ancien remblai du Normandy couvre une surface de 73 hectares. C’est sans contestation la plus importante réserve foncière de Beyrouth. Avec environ 1,7 million de m2 constructibles, selon le plan directeur de Solidere, le potentiel de développement de BWD est considérable.

Situées le long du littoral, ces parcelles gagnées sur la mer doivent offrir d'ici 20 à 30 ans un cadre urbain planifié avec une promenade en front de mer, de larges avenues et un jardin public de 78 000 m2. Hormis Zaitunay Bay, BWD n'est occupé actuellement que par des structures temporaires liées à l'événementiel, au divertissement, à la restauration et les loisirs comme Kidzmondo, Beirut By Bike, O1NE et Seaside Arena. Toutes ces enseignes sont locataires pour une durée déterminée.

À ce jour, aucun projet résidentiel ni d’affaires n’y a été déjà construit. Seule la banque Blom a démarré en 2019 le chantier de son immeuble.

Si la dynamique locative est forte, voilà plusieurs années que Solidere n’arrivait plus à vendre de parcelles sur le remblai. Une première campagne de ventes avait permis quelques transactions le long du littoral et du futur jardin public. Mais les ventes des terrains à l’intérieur du remblai stagnaient.

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Pour relancer la demande et contrecarrer la crise immobilière actuelle, Solidere a opté pour une solution radicale, en divisant les valeurs foncières des parcelles sur le remblai du Normandy par deux au cours des derniers mois.

Les incidences foncières sont ainsi passées de 3 000 à 4 000 dollars en 2014, à 1 500 dollars par m2 vendable* avant négociation. En comparaison, les incidences foncières à Hamra et Verdun varient selon les propriétaires de 1 500 à 2 000 dollars le m2 et celles de Furn el-Hayek de 1 300 à 1 700 dollars le m2.

Après négociation, les parcelles du Normandy sont donc devenues parmi les moins chères de Beyrouth. Même si le ticket moyen pour l’achat d’une parcelle sur le remblai tourne autour de 15 à 20 millions de dollars, qu’il faut payer comptant, et que les banques font tout pour inciter leurs gros clients à placer leur fortune dans des dépôts assortis de taux d’intérêt très élevés, Solidere a réussi à trouver des acheteurs. Ce qui dans le contexte actuel, avec un marché foncier quasiment au point mort, relève de l’exploit. Selon plusieurs sources, plus de 200 millions des dollars de ventes ont été réalisées, en 2019, à des investisseurs séduits par une région appelée à devenir, à terme, le nouveau Beyrouth.

Plusieurs banques y ont ainsi acquis des parcelles pour construire leur siège social. Une poignée de promoteurs ont également misé sur BWD. L’un d’entre eux est un homme d’affaires qui possède déjà l’un des immeubles de bureaux les plus élégants du centre-ville et projette de faire un projet identique sur le front de mer.

 

*L’incidence foncière est la valeur de la parcelle divisée par le mètre carré vendable. Par exemple, si une parcelle coûte 10 millions de dollars et que la surface vendable est de 8 000 m2, l’incidence foncière sera de 1 250 dollars le m2 vendable.