C’est une véritable hécatombe. Au moins 265 établissements de boissons et restauration ont fermé leurs portes depuis la rentrée, dont 130 en septembre et 135 en octobre, d’après le Syndicat des restaurants, cafés, night-clubs et pâtisseries. Le syndicat, qui compte plus de 2 000 propriétaires d’établissements adhérents, s’attend à 200 nouvelles fermetures au cours du mois de novembre, portant le total des fermetures à 465 enseignes. 

Parmi les enseignes à avoir mis la clé sous la porte dans la capitale et ses environs, le bistrot français à l’accent breton Félicie, à Mar Mikhaël. Le restaurant avait été ouvert en 2018 pour un investissement de 700 000 dollars. Au Zero 4 d’Antélias, c’est l’enseigne Meat the Fish, spécialisée dans la vente de poissons, fruits de mer et viandes, ouverte en 2018, qui ferme. Sur la rue Bliss, c’est l’enseigne de fast-food Eggslut qui tire sa révérence. La franchise américaine s’était installée en 2018. À noter également la fermeture de la branche de Kaslik du restaurant de cuisine internationale Republic.

« Les fermetures ne sont pas directement liées à la révolution, mais à une crise qui a commencé il y a plusieurs mois. Le secteur était déjà mourant, il est désormais dans un profond coma », écrit le syndicat dans un communiqué publié fin novembre. 

Selon les estimations du cabinet de conseil Hodema, la fréquentation des restaurants depuis le début du mouvement de contestation, le 17 octobre, a diminué de moitié dans un quartier comme Mar Mikhaël. Le ticket moyen, déjà en baisse, a continué sa chute, selon le cabinet.

Même la perspective des fêtes de fin d’année ne semble pas redonner des couleurs au secteur. « Nous sommes aux portes d’une saison de fêtes attendue par tous les propriétaires d’établissements comme un ballon d’oxygène, mais jusqu’à présent, nous n’avons constaté aucun signe positif en termes de préparatifs et de réservations pour cette saison », déplore le syndicat.

Dans son communiqué, le syndicat a appelé à la formation rapide d’un nouveau gouvernement qui concilie les revendications des manifestants, des investisseurs et de la communauté internationale, et s’est engagé à « prendre plusieurs initiatives » pour soutenir le secteur, sans préciser leur nature. 

Dans une précédente déclaration, le syndicat avait appelé les propriétaires fonciers à revoir les loyers à la baisse, afin de limiter les espaces vacants et de soutenir le secteur et sa main-d’œuvre. Il avait également demandé aux fournisseurs d’éviter « des hausses de prix injustifiées ». 

Dans son dernier dossier sur les tendances des restaurants, bars et cafés, réalisé entre juin 2018 et juin 2019 et publié en août, Le Commerce du Levant faisait état d’une hausse annuelle de 3,7 % du nombre d’enseignes, avec 977 établissements recensés dans onze zones étudiées dans la capitale, contre 942 en août 2018. Les professionnels du secteur étaient alors portés par l’amélioration des perspectives du secteur touristique, marqué par une hausse du nombre de visiteurs de 5,5 % sur un an, malgré une conjoncture économique déjà fragile. Sur cette période, seules 137 fermetures avaient été recensées. Tout porte à croire que le tableau va désormais s’assombrir.