Capture d'écran du site lebanocracia.org
Capture d'écran du site lebanocracia.org

Lancée le 16 novembre par une équipe de sept étudiants et doctorants de l’université Harvard, le site Lebanocracia.org permet aux utilisateurs de classer par ordre d’importance 90 propositions ayant émergées du mouvement du 17 octobre, sur des thématiques variées comme l’économie, la politique ou la gouvernance.

Les demandes sont proposées par paires à l’utilisateur, qui peut ainsi choisir si l’urgence est plutôt à l’« électricité 24h/24 » ou au « recouvrement des biens volés ». Le but : hiérarchiser les nombreuses revendications portées par les Libanais dans la rue.

« De très nombreuses demandes ont été formulées : le problème, c’est qu’elles manquent de structure. D’où l’idée de Lebanoncracia pour établir un ordre de priorité », explique Layane Alhorr, doctorante en politique publique à la Harvard Kennedy School, qui avec d’autres Libanais de la diaspora a voulu apporter sa pierre à l’édifice de la Révolution d’Octobre.

« Au début des manifestations, nous nous sommes réunis entre étudiants libanais de Harvard pour trouver un moyen d’aider notre pays, malgré la distance. C’est alors que l’un de nous a évoqué le site Chilecracia » se souvient Carla Saad étudiante à la Graduate School of Design (GSD) d’Harvard.

L’équipe entre ensuite en contact avec Cesar Hidalgo, l’entrepreneur chilien derrière l’initiative, et fondateur de Datawheel, une société spécialisée dans la transformation numérique. « Cesar Hidalgo souhaitait dupliquer sa plateforme dans d’autres pays.C’est son équipe qui s’est occupée, bénévolement, du développement technique. Le concept, l’interface, tout était déjà mis en place. Depuis, d’autres versions ont été créées pour la Colombie et la Géorgie ».

L’équipe de Harvard a quant à elle adapté la plateforme au contexte libanais en élaborant, grâce à l’expertise juridique et politique de ses membres, 90 propositions de réformes couvrant les principales revendications formulées par la rue.

Pour promouvoir leur plateforme, l’équipe a eu recours essentiellement aux réseaux sociaux et la presse. Depuis le 16 novembre, 15 500 utilisateurs ont enregistré plus 260 000 préférences. Le site propose d’ailleurs une infographie, actualisé en temps réel, sur la composition démographique des utilisateurs qui ont partagé leur information : origine géographique, profession, genre…

L’équipe est cependant consciente du biais de leur échantillonnage. « Nous avons décidé de lancer une campagne SMS pour étendre notre portée. Notre but est de donner la parole au plus grand nombre, même à ceux qui ne manifestent pas. Bien sûr, il ne s’agit pas d’une représentation exhaustive et la méthode à ses limites : c’est un point de départ pour consolider nos demandes ».

La collecte des données devrait s’achever fin janvier. Partant des résultats, Lebanocracia souhaite produire un rapport contenant analyses et recommandations, en coopération avec des experts et think-tanks : « on compte mettre en avant les 25-30 préférences arrivées en tête et proposer des manières de les mettre en œuvre » déclare Layane Alhorr.