Depuis novembre dernier, la demande pour les appartements et les bureaux a fortement augmenté et, en quelques semaines, des centaines de transactions ont été réalisées. Dans ce contexte, les vendeurs sont moins ouverts à la négociation.

Elie Abi Hanna

La crise financière a provoqué une ruée vers l’immobilier, qui a chamboulé un marché en berne depuis des mois. Selon nos informations, des centaines de ventes d’appartements et de bureaux ont été conclues ces dernières semaines. Les prix sont stables en général, mais les vendeurs sont moins ouverts à la négociation. Certains profitent même de ce regain d’intérêt pour revoir leurs prix à la hausse, avec des augmentations allant de 5 à 15 % dans certains cas.

Il y a, d’un côté, des promoteurs qui cherchent à écouler leur stock, en proposant toujours des rabais. « En moyenne, nous accordons de 5 à 10 % de discount », confirme Ali Abdellatif, promoteur de plusieurs projets dans le Grand Beyrouth (Vision 1793 à Spears, Vision 388 à Dora et Vision 3970 à Beit-Méry).

Cette stratégie a été payante pour de nombreux promoteurs endettés. Pressés de vendre, la baisse des prix leur a permis de valoriser leur stock par rapport à la concurrence. En réduisant ses prix de 20 %, un propriétaire à Achrafié a ainsi réussi à vendre six appartements d'une et de deux chambres en l’espace de deux mois.

"Moins souples"

Mais face à la hausse de la demande et du nombre de visites, d’autres propriétaires ont réalisé qu’ils pouvaient désormais vendre sans faire autant de concessions.

« Nous avons vécu une longue période de stagnation l’année dernière. La demande a commencé à augmenter à partir de novembre, et nous sommes restés flexibles sur les prix. Mais après avoir réalisé quelques ventes, notre marge de négociation s’est réduite. Tout en restant à l’écoute des acheteurs, nous sommes moins souples », reconnaît Ali Abdellatif.

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À l’opposé, d’autres propriétaires cherchent à profiter de la dynamique actuelle. « Je viens d’acheter un appartement de deux chambres à Achrafié, témoigne Lina [le prénom a été modifié]. J’ai dû me battre pour l’avoir. C’était le dernier disponible dans l’immeuble. La surenchère entre les acheteurs potentiels a permis au propriétaire d’augmenter son prix de 5 % en quelques jours. J’ai accepté de payer 30 000 dollars de plus que le prix initial. »

Des prix revus à la hausse

À Ras Beyrouth, le promoteur d’un immeuble avait baissé ses prix au début de 2019 pour essayer de relancer les ventes de son stock d’invendus. Mais après avoir cédé plusieurs unités, il a augmenté ses tarifs après Noël, deux fois en l’espace de deux semaines. La première hausse a été de 15 %, puis la seconde de 5 %. Le prix de l’un de ces appartements a augmenté d’environ 230 000 dollars en quelques jours. Cette tendance a également été observée chez un promoteur qui construit un immeuble de bureaux à Beyrouth, et qui avait baissé ses prix de 5 000 dollars le m2 à 3 500 en 2019. Après quelques ventes, ses prix sont remontés à 3 750 dollars le m2.

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« Les logements qui étaient presque invendables il y a quatre mois sont désormais demandés. Les propriétaires sont harcelés. Les agences immobilières ne cessent de les contacter, c’est donc logique que les prix soient parfois revus à la hausse », explique un agent qui a requis l’anonymat.