Au Liban, le trafic a augmenté d’environ 25% depuis le début de la crise de Covid-19
Au Liban, le trafic a augmenté d’environ 25% depuis le début de la crise de Covid-19

Télétravail, école en ligne, soirées Netflix, apéro Skype… Les mesures de confinement imposées pour lutter contre l’épidémie du Coronavirus se traduisent par une utilisation record d’internet dans le monde. Le Liban n’échappe pas à la règle. «Le trafic a augmenté d’environ 25% depuis le début de la crise», confirme Imad Kreidié, le directeur général d'Ogero, l’office qui gère le réseau fixe.

Sur décision du gouvernement le 12 mars, le fournisseur d’accès public a doublé le quota d’utilisation pour ses abonnés, soit 270 000 foyers résidentiels, ainsi que la vitesse de connexion pour ceux ayant souscrit au package illimité, une offre valable jusqu’à fin avril et potentiellement reconductible.

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D’autres fournisseurs d’internet lui ont emboîté le pas, notamment IDM, qui confirme la tendance. «On observe chez nos abonnés résidentiels, soit quelque 120 000 foyers, une augmentation de 130% des connexions VPN pour entreprises (des connexions sécurisées qui permettent d’accéder au serveur des entreprises NDLR), mais le trafic est aussi porté par le divertissement avec une augmentation de 60% des connexions liées aux jeux vidéo et de 32% de vidéos», détaille Habib Torbey, PDG de GDS, la maison-mère d'IDM.  

Une question se pose alors pour les internautes libanais, déjà habitués à une qualité aléatoire de leur connexion : le réseau libanais est-il en mesure de supporter une telle pression ? «On observe déjà une baisse de la qualité, le nombre de connexions simultanées augmente et le réseau est mis à rude épreuve. Cela nécessite notamment un surplus de maintenance difficile à assurer avec le confinement», explique Mohamed Najem, qui dirige SMEX, l’ONG de défense des droits de l’homme en ligne.

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En effet, avec seulement 75% de l’équipe technique disponible en raison des mesures de mobilisation générale, et face à un afflux sans précèdent, le défi est de taille pour Ogero. «Dans ces circonstances, on met 15% de temps supplémentaire pour réparer les problèmes techniques», détaille Imad Kreidié.

Cependant, le PDG d’Ogero se veut rassurant : «Pour l’instant, le réseau tient le coup. Le ralentissement observé est surtout dû à une surcharge au niveau du WI-FI des foyers, mais il n’y a pas de panne de réseau en vue».

Sur le plan national, le Liban possèderait en effet l’infrastructure nécessaire pour gérer la crise. En effet, selon Imad Kreidié, les deux principaux câbles sous-marins qui connectent le Liban à la bande passante internationale, Imewe et Alexandros sont suffisamment robustes pour faire face à l’afflux des connexions.

Mais pour répondre à l’accroissement de la demande, le Liban a besoin de davantage de bande passante internationale. Ogero a ainsi requis auprès de ses fournisseurs un accroissement de 50% de son débit, pour un montant de plusieurs centaines de milliers de dollars. L’augmentation devrait être effective d’ici une semaine.

«Nous avons les ressources financières et l’infrastructure disponible, toute proportion gardée, pour gérer la situation. Mais avec la très forte pression sur le réseau mondial, les délais sont plus longs et il y a un risque qu’on se retrouve limité en bande passante internationale si la situation se prolonge», explique-t-il.

Au niveau mondial, des dispositions sont en train d’être  prises pour éviter la saturation du réseau et garantir sa qualité. En Europe par exemple, sur demande du commissaire européen au Marché intérieur Thierry Breton, les grands fournisseurs de contenu sur Internet comme Youtube et Netflix ont été appelé à limiter la consommation de bande passante. Un scénario possible au Liban, «mais pas dans l’immédiat», commente le PDG d’Ogero.

Pour l’instant, les fournisseurs d’internet font surtout appel à la responsabilité numérique des Libanais. Le ministère des Télécommunications et Ogero ont ainsi lancé une dans une campagne de sensibilisation appelant à un usage raisonné d’internet notamment en limitant le nombre d’ordinateurs connectés simultanément ou en diminuant la qualité des vidéos sur Youtube. «C’est une période critique et inhabituelle, il revient à chacun d’être responsable», conclut-il.