La société, fondée en 1914 et implantée dans la région au milieu du siècle dernier, compte s’investir à nouveau dans la région, après une pause de quelques années due à la scission ayant abouti à l’émergence de Booz & Company, rachetée fin 2013 par PwC. Entretien avec le vice-président exécutif du cabinet, Ramez Shehadi.

Quels sont les motifs de votre expansion ?
D’abord, il ne s’agit pas d’une expansion au sens cyclique du terme, mais plutôt d’une nouvelle phase de développement. Booz Allen Hamilton s’est implantée dans la région dans les années 1950, d’abord en Égypte puis en Algérie dans les années 1960 avant de s’étendre aux pays du Golfe une décennie plus tard, dans le sillage des deux chocs pétroliers. Nos activités ont néanmoins été réduites au seul domaine de la cybersécurité après la scission de la compagnie en 2008 qui a donné lieu à l’émergence d’une nouvelle société baptisée Booz & Company. Cette séparation était régie par une clause de non-concurrence en vertu de laquelle Booz Allen Hamilton devait traiter uniquement avec le secteur public américain dans le domaine des fonctionnalités technologiques innovantes (IT, science des données, gestion de la chaîne logistique, etc.), tandis que Booz & Company se chargeait du conseil en stratégie à l’international.
Cet accord de trois ans a pris fin en 2011. À partir de là, encouragés par nos résultats aux États-Unis qui ont doublé en quatre ans, nous avons décidé de nous investir de nouveau sur les marchés internationaux, notamment au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Entre-temps, Booz & Company a été acquise l’an dernier par PricewaterhouseCoopers, PwC, (donnant naissance à Strategy&, NDLR).

Le contexte difficile dans la région (instabilité politique, chute des prix pétroliers, etc.) n’est-il pas un obstacle à cette expansion ?
La région continue de regorger d’opportunités. Dans le domaine de la santé par exemple, l’Arabie saoudite a l’intention de construire des dizaines d’hôpitaux dans les années à venir, tandis que le secteur du transport se développe dans le Golfe avec des projets de construction de réseaux ferroviaires, de métros, etc. Les soulèvements arabes ont, en outre, suscité une plus grande attention pour l’éducation et la création d’emplois à travers notamment le développement des petites et moyennes entreprises (PME). Notre objectif est d’accompagner les gouvernements et le secteur privé dans cette tâche.
L’instabilité politique est certes un facteur de risque, mais elle crée également des besoins. Quant à la baisse des recettes pétrolières, elle n’aura pas d’impact majeur sur les projets infrastructurels dans le Golfe.

Vos services ont-ils évolué depuis 2008 ?
Nous disposons déjà d’un bureau à Abou Dhabi tandis qu’un autre sera bientôt inauguré à Dubaï. Nous sommes également présents à Doha, à Riyad, au Caire et à Beyrouth. Au total, 160 employés sont mobilisés pour le moment, en plus des experts basés à l’étranger qui participent à certaines missions.
À l’instar de plusieurs sociétés de conseil, nous avons adapté notre approche qui concerne plusieurs secteurs, de la santé à l’énergie, en passant par le transport, les télécoms, la cybersécurité, la finance ou le secteur public. Il ne suffit plus de faire des études ou de concevoir des plans et des stratégies théoriques pour résoudre un problème donné. Nous accompagnons désormais nos clients dans la production de résultats concrets, comme par exemple le développement d’une application, d’un logiciel ou la mise en place d’une nouvelle unité opérationnelle. C’est pourquoi nos équipes sont composées de stratèges, développeurs, designers, analystes de données, mathématiciens et ingénieurs.