Batco, un groupe dirigé par Antoine Azour qui pèse environ 300 millions de dollars, a cédé 49 % des parts de sa filiale omanaise à la société italienne Itinera. Cette opération, dont le montant n’a pas été communiqué, vise à lui donner une nouvelle dimension au sultanat.

Le groupe Batco et la société Itinera ont annoncé en octobre la signature d’un accord, dont les détails n’ont pas été divulgués, permettant à l’entreprise italienne de devenir actionnaire à 49 % de Federici-Stirling Batco, la filiale du groupe de BTP libanais à Oman. « Cette société est leader sur le marché omanais. Elle fait partie des trois plus grandes entreprises de construction de routes et de ponts au sultanat, avec un chiffre d’affaires de plus de 80 millions de dollars prévus cette année », affirme le président du groupe Antoine Azour.
Son nouvel actionnaire est une société de BTP italienne membre du groupe Gavio, deuxième plus grand concessionnaire d’autoroutes au monde dont les revenus dépassent les 4,4 milliards de dollars par an. « Outre l’expertise, ce partenariat nous donne la capacité financière de participer à des projets plus importants. Actuellement, la moyenne des projets menés à Oman varie entre 50 et 100 millions de dollars. On peut désormais voir dix fois plus grand. » La société vise un objectif de 200 à 300 millions de dollars de chiffre d’affaires d’ici à cinq ans, portée par le dynamisme du marché omanais.
« La baisse des prix du pétrole aura peut-être un impact sur les dépenses publiques à terme, reconnaît Antoine Azour, mais de grands projets d’infrastructures sont toujours en cours. Pour les sociétés déjà établies dans le pays, le volume des affaires reste très important. La situation est sans doute plus difficile pour les nouveaux entrants. » D’où l’intérêt pour la société italienne, qui cherche à se développer dans le Golfe, de passer par une acquisition.
« Leur choix d’un investissement sans prise de contrôle dans Federici-Stirling Batco témoigne de leur confiance dans la qualité de notre gestion », se félicite Antoine Azour, en soulignant le peu d’investissements étrangers dans les entreprises libanaises du secteur de la construction, encore dominé par des structures familiales, pas toujours très transparentes.

Les relations de Batco avec l’Italie

Ce n’est pas la première expérience de Batco avec une société italienne. Lorsque le groupe fait le choix de se développer en dehors du Liban, il y a une dizaine d’années, il décide de s’associer à des entreprises étrangères. « Étant donné la taille limitée du marché libanais, nous avions besoin d’expertise et de savoir-faire sur les projets d’envergure. Cette expertise existe en Italie dans des entreprises de taille moyenne, contrairement aux groupes allemands ou français de BTP qui sont souvent très grands. »
Batco commence donc par racheter plus de 85 % de Federici-Sterling, une société de BTP créée dans les années 1930, spécialisée dans les projets hydrauliques, routiers, industriels et aéroportuaires. Encouragé par la crise économique en Italie, le groupe acquiert par la suite Lavajet, une société spécialisée dans le traitement des déchets qui gère plusieurs projets dans le Golfe et qui avait remporté l’appel d’offres pour la gestion des déchets à Beyrouth avant l’annulation de la procédure.
L’année dernière, Batco achète une part majoritaire dans EMIT, une entreprise italienne spécialisée dans le traitement des eaux. Il devrait monter à 100 % du capital d’ici à la fin de l’année, dans le cadre d’une opération estimée par le site Businessnews.com.lb à 10 millions d’euros. 
Au total, le groupe Batco compte près de 5 000 employés dans le monde, dont 1 500 au Liban, où se situe son siège. Il réalise un chiffre d’affaires annuel d’environ 300 millions de dollars, dont plus de 60 % proviennent de son activité historique de BTP. Il est présent dans 25 pays, mais le Golfe concentre l’essentiel de son activité. L’Europe contribue au chiffre d’affaires à hauteur de 15 % et l’Afrique 10 %. « Notre présence sur ce continent est toutefois appelée à se développer dans les années à venir », précise Antoine Azour. Quant au Liban, il ne représente plus que 10 à 15 % des revenus du groupe. « Malgré les besoins immenses en infrastructures, que ce soit au niveau des routes, de l’eau ou des déchets, le marché libanais est en repli en raison de l’incapacité de l’État à trouver des solutions et encore moins à les mettre en œuvre. »