L’ancienne destination des noctambules de Beyrouth du début des années 2000 poursuit sa reconversion. Désormais boudée par les restaurateurs et les promoteurs immobiliers, la rue Monnot n’en demeure pas moins une rue très accessible au cœur de Beyrouth.
Les prix y sont parmi les moins chers d’Achrafié.

Le succès de la rue Monnot remonte à une quinzaine d’années. L’ouverture des enseignes Babylone et Pacifico avait déclenché une ruée de restaurants, bars et discothèques. En quelques mois, cette rue qui longeait l’ancienne ligne de démarcation était devenue l’adresse des fêtards de la capitale.
Depuis, les rues Maarad au centre-ville et Gouraud à Gemmayzé se sont développées au milieu des années 2000. Puis cela a été le tour de Mar Mikhaël en 2011. La dynamique de Monnot a été brisée. La rue s’est vidée. Quelques enseignes ont essayé de prendre le relais sans réussite et certains locaux sont inoccupés depuis plusieurs années. Naturellement, les valeurs locatives ont été divisées par trois depuis dix ans.
Aujourd’hui, la structure commerciale de la rue Monnot est en mutation. Depuis que la rue est boudée par les professionnels de la restauration qui préfèrent des destinations plus à la mode comme Mar Mikhaël, la rue de Damas et Badaro, les loyers varient de 200 à 250 dollars le m2 par an. Ces tarifs sont parmi les plus bas d’Achrafié. Particulièrement bien située au centre de Beyrouth, Monnot devient un investissement malin pour des commerçants à la recherche d’un local bon marché.
De quoi attirer de nouvelles activités : une salle de yoga, une franchise française de l’habillement, une bijouterie, un salon de beauté, une salle d’exposition de meubles et une boulangerie spécialisée “sans gluten” ont ouvert dernièrement leur porte. L’engouement commercial devrait se prolonger à court terme. Il n’est même pas exclu que la vague des restaurants et bars reviennent à Monnot, étant donné le renchérissement de Mar Mikhaël où les loyers y sont quatre fois plus élevés. Aussi, pourquoi la dynamique de la rue de Damas ne déborderait-elle pas vers Monnot ?
Louer un bureau à moindre coût est également possible à Monnot. Trois anciens immeubles de bureaux affichent de bons taux d’occupation. Ces propriétés construites dans les années 60-70 ont un certain charme avec de belles hauteurs sous plafond qui séduit de petites compagnies désireuses de travailler dans des espaces de 125 à 150 m2 pour des budgets inférieurs à 2 000 dollars par mois.
Alors que les projets résidentiels se multiplient dans tous les quartiers d’Achrafié, la rue Monnot est une exception : seuls quatre immeubles (Le Patio, Hugo 43, Monot Residence, Saifi 125) y ont été construits au cours des dix dernières années. Depuis 2012, Monot 38 est le seul chantier actuellement en cours. En 2017, un nouveau projet, Convivium 9, devrait démarrer. Son promoteur, le groupe BREI, veut rééditer à Monnot ce que son précédent projet, Convivium 6, a réussi à Saïfi, c’est-à-dire vendre de très petites surfaces. Convivium 9 propose 58 appartements de 45 à 107 m2.
Au total, la fourchette des prix affichés à Monnot va de 3 900 à 4 200 dollars le m2. Ces valeurs ont baissé de 5 à 10 % au cours des deux dernières années.
La fébrilité des promoteurs n’est pas liée à la rareté des parcelles disponibles, puisque la rue Monnot compte quelques parcelles à la vente. Les incidences foncières demandées varient de 1 400 à 1 800 dollars le m2. Étant donné que les valeurs des boutiques et des appartements sont en baisse, ces prix sont injustifiés. Dans l’état actuel du marché immobilier, la juste incidence foncière devrait se situer entre 1 200 et 1 400 dollars par m2.