Contrairement à certaines idées reçues, Beyrouth compte encore de nombreuses parcelles vacantes à lotir. Elles se comptent par centaines. Plusieurs quartiers offrent un gros potentiel
de développement. Si le remblai du Normandy au centre-ville dispose d’importantes réserves foncières, d’autres secteurs comme Jnah et la Corniche du Fleuve attirent les investisseurs qui y voient l’émergence d’un nouveau Beyrouth. Parallèlement, les quartiers de Bachoura et de la Quarantaine ne sont pas à négliger à moyen et long terme.

Rebaptisé Beirut Waterfront District (BWD), l’ancien remblai du Normandy couvre une surface de 73 hectares. C’est l’une des réserves foncières les plus importantes de Beyrouth. Avec environ 1,7 million de m2 de construction, le potentiel de développement de BWD est considérable. Situées le long du littoral, ces parcelles gagnées sur la mer disposeront d’ici 20 à 30 ans d’un cadre urbanisé avec une promenade en front de mer, de larges avenues et un jardin public de 78 000 m2. Hormis Zaitunay Bay, BWD n’est occupé actuellement que par des structures temporaires liées à l’événementiel et les loisirs comme le Biel, Kidzmondo et le Beirut Exhibition Center. Avec des incidences foncières de 3 500 à
4 500 dollars le m2, il ne s’agit pourtant pas des valeurs foncières les plus chères de Beyrouth. Beaucoup de parcelles à Jal el-Bahr et Ramlet el-Baida sont affichées au-delà de ces valeurs (soit autour de 5 000 dollars le m2).
Le centre-ville dispose également de nombreuses parcelles le long du ring et autour de la place des Martyrs. Elles sont beaucoup moins attractives qu’au BWD. Certaines sont toujours la propriété de Solidere, d’autres appartiennent à des privés dont certains cherchent à revendre. Leur incidence foncière devrait varier de 2 500 à 3 000 dollars le m2.
Depuis le début des années 2000, le développement résidentiel et commercial de Jnah s’est accéléré. La multiplication des parcelles prêtes à bâtir confirme que son essor immobilier est loin d’être terminé. Jnah est dominé par une poignée de promoteurs qui y ont déjà construit plusieurs immeubles résidentiels très appréciés par la diaspora libanaise implantée en Afrique. La moyenne d’un premier étage en construction est annoncée à
4 115 dollars le m2. Les valeurs foncières ne cessent de croître en parallèle au boom commercial lié à la multiplication des grandes surfaces (supermarchés, grands magasins, électroménager, galeries de meubles).
Malgré l’échec du projet résidentiel Bella Casa qui a été arrêté début 2014, le secteur Corniche el-Nahr a un bel avenir. Situé en périphérie d’Achrafié, ce secteur bénéficie d’une bonne accessibilité. D’ici à quelques années, cette friche foncière affichera un nouveau visage. Une nouvelle ville est en train de s’y créer. Actuellement, le quartier s’urbanise au gré des nouveaux projets résidentiels (Trillium Beirut, Achrafieh 4748, U Park et Factory Lofts) et de bureaux (siège social du Crédit libanais, The Pearl). La Corniche el-Nahr reste encore bon marché par rapport aux incidences foncières affichées à Achrafié. Les valeurs d’environ 1 500 dollars le m2 se justifient le long de l’avenue Amine Gemayel. Le secteur en bordure de l’ancien “Tiro” tourne autour de 1 000 dollars le m2.
Bien que le secteur compte encore de nombreuses parcelles non bâties, la Quarantaine a toujours des difficultés à attirer des promoteurs. S’il y a actuellement environ 400 immeubles résidentiels et de bureaux en construction, la Quarantaine n’en compte qu’un seul ! Le quartier est surtout pénalisé par la proximité du port, des abattoirs et des dépôts de Sukleen. Les préjugés sur les odeurs sont également difficiles à dissiper dans l’opinion publique. Pourtant, la Quarantaine se trouve aux portes de Beyrouth. Certains spéculateurs y ont déjà fait leur achat dans l’espoir de jours meilleurs.
En bordure du centre-ville, Bachoura bénéficie d’un emplacement central dans la capitale. Dégradé à la sortie de la guerre civile et proche du secteur Khandak el-Ghamik, le quartier est resté longtemps en marge du boom immobilier. Cependant, des transactions foncières s’opéraient régulièrement de la part d’investisseurs et de spéculateurs. Récemment, la réussite de Beirut Digital District (BDD), un complexe de bureaux principalement orienté vers les compagnies de communication et les start-up, fait bénéficier Bachoura et l’avenue Béchara el-Khoury d’un regain d’intérêt qui pourraient devenir une nouvelle adresse d’affaires à Beyrouth.