Longtemps attendues, les baisses de prix consenties par le ministère des Télécommunications sur les tarifs des services fixes et mobiles ont suscité des interrogations quant à leurs conséquences sur les finances publiques : ces deux dernières années, les transferts du ministère des Télécoms au Trésor s’élevaient à 1,43 milliard de dollars par an. Cela est particulièrement vrai pour les télécommunications mobiles, qui assurent la grande majorité des revenus du secteur. Outre les relèvements des plafonds de téléchargements compris dans les offres, les modifications tarifaires sur ce réseau se sont traduites par : la baisse de 44 % du prix des SMS, une baisse de 30 % du prix de la minute de communication sur les lignes prépayées et l’inclusion de 60 minutes de communications dans les forfaits mensuels de 15 dollars (voir Le Commerce du Levant n° 5653). Tout en convenant que ces réductions tarifaires affecteront les revenus à court terme, l’Owner Supervisory Board (OSB) estime néanmoins qu’elles devraient stimuler significativement la demande. Cet organisme contrôle pour le compte du ministère l’application des contrats de gestion des réseaux mobiles par les opérateurs Alfa et Touch.
« Partout où des baisses de prix ont été effectuées dans la région, cela s’est traduit par une hausse de la demande. D’autant qu’avec un taux de pénétration de 90 % pour la téléphonie mobile, le Liban reste loin derrière les pays du Golfe qui ont presque tous des taux supérieurs à 150 % », avance Gilbert Najjar, le représentant du ministère à l’OSB. Cette augmentation de la demande devrait concerner aussi bien le nombre de clients que le temps de communication, entraînant une rentabilisation de ces mesures au terme d’une période comprise entre huit mois et deux ans, selon les différentes hypothèses retenues par une étude interne de l’OSB.
Pour tenter d’évaluer les retombées de cet effet-quantité, l’étude a établi plusieurs scénarios distincts pour les offres prépayées et par abonnement. Les analystes de l’OSB se sont appuyés sur les évolutions constatées sur les trois dernières années du nombre d’abonnés (+6 % en prépayé, +4 % pour les abonnements) et du temps de parole (respectivement de -16 % et -4 %). « Nous avons en outre retenu certains postulats comme, par exemple, le fait que les minutes offertes dans les forfaits entraîneront le déport d’une partie des consommateurs du prépayé – qui représentent environ 70 % des revenus actuels – vers les abonnements, où le temps de parole moyen est bien supérieur », précise Gilbert Najjar. Il en résulte trois scénarios par type d’offres : « Le pessimiste est très peu probable, car il se base sur un ralentissement de la progression du nombre d’abonnés et un impact nul sur le temps de parole moyen ;
le scénario conservateur considère que les mesures auront un faible impact sur la croissance de la demande ; tandis que le scénario optimiste, le plus probable à mon avis, table sur un véritable effet multiplicateur des baisses de prix sur ces deux paramètres », résume Gilbert Najjar.
Selon ces différents scénarios, l’impact des nouveaux tarifs au bout de la première année sur les revenus des télécommunications mobiles pourrait varier entre une baisse à 1,11 milliard de dollars (-2,9 % en glissement annuel) selon le scénario pessimiste et une hausse à 1,22 milliard de dollars (+6,4 %) selon le scénario optimiste.



