À défaut d’avoir remporté la guerre de la qualité du service, le ministre des Télécommunications tente de gagner la bataille de la communication. Si la volonté de démocratiser l’accès aux services Internet et mobiles à travers la baisse des tarifs engagée au début de l’été (voir Le Commerce du Levant n° 5653) commence à porter ses fruits en termes de pénétration (voir Le Commerce du Levant n° 5656), elle continue de susciter un certain scepticisme quant à son impact sur les finances publiques et la qualité du service.
Après avoir communiqué, au début de l’été, par l’entremise de l’Owner Supervisory Board (OSB), des projections faisant état d’une compensation relativement rapide de l’effet prix de la politique tarifaire par son effet quantité (voir Le Commerce du Levant n° 5654), Boutros Harb s’est désormais attelé à répondre aux protestations d’usagers excédés par la détérioration de la qualité des services Internet et mobiles à travers une série de conférences de presse en août et septembre. Rejetant l’idée, selon laquelle ces défaillances résulteraient d’un engorgement des réseaux provoqué par les baisses de prix et l’augmentation des capacités de téléchargement, il a d’abord sommé les deux opérateurs mobiles – dont les contrats de gestion devaient être prolongés, fin septembre, en attendant la mise en place d’un appel d’offres international approuvé par le Conseil des ministres – de s’expliquer sur ces défaillances.
Ses interventions ont ensuite laissé apparaître une réponse en plusieurs axes de la part de son ministère. La première consiste à mettre à disposition des opérateurs mobiles certaines des ressources du nouveau réseau de fibre optique géré par l’organisme parapublic Ogero. Ce dernier a donc été chargé par le ministère de mettre à niveau ses tours de transmission à Fatqa, Ouyoun el-Simane et Terbol, et d’installer 150 nouvelles stations qui pourront donc également être exploitées par les gestionnaires des réseaux 3G et 4G.
Le ministre a annoncé ensuite la poursuite de la dernière phase du déploiement de la fibre optique initié par ses prédécesseurs. Annoncé depuis plusieurs années (voir notamment les numéros 5593 et 5620 du Commerce du Levant), ce projet baptisé “Fiber to the X” (FttX) prévoit de substituer de la fibre otique au cuivre existant, dans les derniers mètres séparant les usagers des centraux déjà reliés en très haut débit. Selon la nature des usagers, leur situation géographique ou leurs besoins ; cette substitution pourrait aller jusqu’aux trottoirs (“FttC”), aux immeubles (“FttB”) ou aux domiciles (“FttH”). Six projets pilotes, en collaboration avec des compagnies étrangères, ont été ainsi annoncés. « Ces travaux pourraient prendre quatre à six mois », a par ailleurs précisé le conseiller du ministre Walid Karam dans un entretien téléphonique. Aucune précision sur les objectifs, les bénéficiaires ou le coût de ces opérations n’ont pu être apportés par le ministère à l’heure où nous écrivons ces lignes.
Enfin, le ministère a annoncé vouloir lutter contre la prolifération sauvage des répéteurs privés, identifiés comme l’une des causes principales des interruptions systématiques des appels mobiles. L’installation de ces appareils visant à amplifier le signal émis par les antennes-relais est du ressort exclusif des opérateurs mobiles, sous le contrôle de l’Autorité de régulation des télécoms (ART).
Mais certains modèles importés sous le manteau sont achetés de manière illégale par des consommateurs qui espèrent ainsi résoudre leurs propres problèmes de réception. Ce au grand dam de l’ART qui avait à plusieurs reprises tenté de mettre fin à cette pratique. Sans véritable succès. Le ministre reprend donc le flambeau en maniant la carotte – le remplacement gracieux de ces équipements par ceux du ministère et des deux opérateurs – et le bâton à travers l’annonce de poursuites judiciaires contre les détenteurs récalcitrants.