Il y a à peine un an, Christelle Fakhoury participait à une formation à destination de 29 femmes entrepreneuses de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, organisée par le département d’État américain. « Une semaine en immersion chez Goldman Sachs puis une autre semaine à Harvard pour étudier des cas réels. Je suis revenue transformée : plus sûre de mes compétences, plus assurée dans le développement de mon entreprise. »
Malgré sa jeunesse – la jeune femme n’a pas 35 ans –, Christelle Fakhoury est déjà une femme d’affaires accomplie. Cela fait douze ans qu’elle a lancé le Club des deux clowns, une agence d’événementiels pour enfants. Aujourd’hui, avec un chiffre d’affaires de deux millions de dollars, une progression annuelle de 10 à 15 % de son activité, elle emploie une quarantaine de salariés permanents ainsi qu’une centaine d’indépendants pour animer anniversaires et autres colonies de vacances. Le Club des deux clowns gère aussi plusieurs aires de jeux comme celles de l’ABC Achrafié et Dbayé, ainsi que celle du Country Club de Yarzé. « Notre activité n’est pas affectée par la crise : les familles sont prêtes à se priver pour offrir le meilleur à leurs enfants. » Manière diplomatique de dire que les Libanais ont aussi une propension à l’“exhibitionnisme social”. « Au Liban, un anniversaire d’enfants est l’occasion de marquer l’ascension sociale des parents. Ailleurs dans le monde, ce segment du marché de l’événementiel est beaucoup moins développé. »
Rêves d’enfants exaucés
Cette année, celle qui a longtemps fait du scoutisme a organisé quelque 656 anniversaires d’enfants, soit un public d’un peu plus de 18 000 bambins. Son équipe a également géré 25 “gros” événements comme cet anniversaire, organisé il y a quelques semaines à peine, autour du thème de l’espace. « On a transformé l’ascenseur de l’immeuble en navette spatiale, nos animateurs se sont déguisés en astronautes. On a installé des fusées dans lesquelles les enfants pouvaient jouer, dans tout l’appartement et les plafonds ont été transformés en planétarium. »
Cette originalité justifie des tarifs élevés. L’heure et demie d’animation “de base” pour des enfants d’un à cinq ans coûte par exemple 300 dollars. Mais ce budget peut très vite grimper pour une fête plus structurée : le client peut par exemple louer un espace dédié (facturé 300 dollars), faire appel à un disc-jockey (150 dollars) ou mettre en place un jeu de parcours (200 dollars). Quant aux événements exceptionnels, comme après-midi “la tête dans les étoiles”, il faut compter a minima 15 000 dollars.
Une compétence duplicable
Diplômée d’un master en information et communication de l’Université Saint-Joseph, Christelle Fakhoury a intégré l’équipe de la crèche Claire Maassab (Gemmayzé) en 2003 afin de financer ses études. Très vite, elle se passionne pour ce qui n’est alors qu’un job d’étudiante et propose d’ajouter l’organisation d’anniversaires aux services existants. Nicole Maassab, la directrice de cette garderie fondée par sa mère, Claire, en 1981, croit en son projet et la soutient. « À l’époque, nous comptions quelque 100-150 enfants inscrits à la garderie. Nous avions ainsi déjà la clientèle, il ne nous restait plus qu’à travailler l’animation », raconte-t-elle. Le succès est vite au rendez-vous. « En 2004, lors de la création de l’ABC Achrafié, Robert Fadel, le PDG du groupe, nous confie la gestion de l’espace de jeux du centre commercial contre une rémunération mensuelle », raconte la jeune femme. Elle décide alors de créer le Club des deux clowns pour un investissement initial financé par un apport de 20 000 dollars de Nicole Maassab, Christelle Fakhoury détenant 10 % de la société dont elle devient la directrice et la gérante-associée. Nicole Maassab est, quant à elle, la PDG.
En 2008, le groupe ABC et le Club des deux clowns décident de facturer l’entrée de l’espace ludique et de s’en partager les recettes. Ainsi naît Jungle Land, qui devient I Play en 2014, à l’occasion de son extension à 1 200 m2 et d’une augmentation des tarifs.
Une preuve supplémentaire que le marché est en plein développement et la concurrence féroce. Outre quelques grands acteurs tels que Jnoon, Fiesta Group ou encore Special Events, l’activité attire désormais une myriade de nouveaux entrants. « À l’instar du marché de l’organisation de mariages, beaucoup d’amateurs tentent de prendre le train en marche, attirés par les rendements alléchants et la faible barrière à l’entrée. Mais la plupart ne durent pas : la crise a beaucoup écrémé d’acteurs. » Malgré des sollicitations qui lui sont parvenues en provenance du Golfe, le Club des deux clowns ne prévoit pas de s’exporter.
Sa fondatrice préfère désormais mettre ses compétences au service des entreprises libanaises : son équipe a ainsi été recrutée pour animer des points de vente. « Nous n’y avions pas songé. C’est un client, pour lequel nous avions organisé l’anniversaire de ses enfants, qui nous a sollicités pour réaliser l’animation de son magasin. Ça a marché et l’on développe peu à peu cette nouvelle activité. Pour nous, c’est le même métier : nous nous concentrons sur l’approche ludique du produit, qui attire la curiosité des consommateurs. » Un même esprit, mi-ludique, mi-sérieux, qu’on retrouve aussi chez la fondatrice. « J’aime profondément mon travail. En fait, je n’ai pas le sentiment de travailler : mon job prolonge ce que je suis. »
Malgré sa jeunesse – la jeune femme n’a pas 35 ans –, Christelle Fakhoury est déjà une femme d’affaires accomplie. Cela fait douze ans qu’elle a lancé le Club des deux clowns, une agence d’événementiels pour enfants. Aujourd’hui, avec un chiffre d’affaires de deux millions de dollars, une progression annuelle de 10 à 15 % de son activité, elle emploie une quarantaine de salariés permanents ainsi qu’une centaine d’indépendants pour animer anniversaires et autres colonies de vacances. Le Club des deux clowns gère aussi plusieurs aires de jeux comme celles de l’ABC Achrafié et Dbayé, ainsi que celle du Country Club de Yarzé. « Notre activité n’est pas affectée par la crise : les familles sont prêtes à se priver pour offrir le meilleur à leurs enfants. » Manière diplomatique de dire que les Libanais ont aussi une propension à l’“exhibitionnisme social”. « Au Liban, un anniversaire d’enfants est l’occasion de marquer l’ascension sociale des parents. Ailleurs dans le monde, ce segment du marché de l’événementiel est beaucoup moins développé. »
Rêves d’enfants exaucés
Cette année, celle qui a longtemps fait du scoutisme a organisé quelque 656 anniversaires d’enfants, soit un public d’un peu plus de 18 000 bambins. Son équipe a également géré 25 “gros” événements comme cet anniversaire, organisé il y a quelques semaines à peine, autour du thème de l’espace. « On a transformé l’ascenseur de l’immeuble en navette spatiale, nos animateurs se sont déguisés en astronautes. On a installé des fusées dans lesquelles les enfants pouvaient jouer, dans tout l’appartement et les plafonds ont été transformés en planétarium. »
Cette originalité justifie des tarifs élevés. L’heure et demie d’animation “de base” pour des enfants d’un à cinq ans coûte par exemple 300 dollars. Mais ce budget peut très vite grimper pour une fête plus structurée : le client peut par exemple louer un espace dédié (facturé 300 dollars), faire appel à un disc-jockey (150 dollars) ou mettre en place un jeu de parcours (200 dollars). Quant aux événements exceptionnels, comme après-midi “la tête dans les étoiles”, il faut compter a minima 15 000 dollars.
Une compétence duplicable
Diplômée d’un master en information et communication de l’Université Saint-Joseph, Christelle Fakhoury a intégré l’équipe de la crèche Claire Maassab (Gemmayzé) en 2003 afin de financer ses études. Très vite, elle se passionne pour ce qui n’est alors qu’un job d’étudiante et propose d’ajouter l’organisation d’anniversaires aux services existants. Nicole Maassab, la directrice de cette garderie fondée par sa mère, Claire, en 1981, croit en son projet et la soutient. « À l’époque, nous comptions quelque 100-150 enfants inscrits à la garderie. Nous avions ainsi déjà la clientèle, il ne nous restait plus qu’à travailler l’animation », raconte-t-elle. Le succès est vite au rendez-vous. « En 2004, lors de la création de l’ABC Achrafié, Robert Fadel, le PDG du groupe, nous confie la gestion de l’espace de jeux du centre commercial contre une rémunération mensuelle », raconte la jeune femme. Elle décide alors de créer le Club des deux clowns pour un investissement initial financé par un apport de 20 000 dollars de Nicole Maassab, Christelle Fakhoury détenant 10 % de la société dont elle devient la directrice et la gérante-associée. Nicole Maassab est, quant à elle, la PDG.
En 2008, le groupe ABC et le Club des deux clowns décident de facturer l’entrée de l’espace ludique et de s’en partager les recettes. Ainsi naît Jungle Land, qui devient I Play en 2014, à l’occasion de son extension à 1 200 m2 et d’une augmentation des tarifs.
Une preuve supplémentaire que le marché est en plein développement et la concurrence féroce. Outre quelques grands acteurs tels que Jnoon, Fiesta Group ou encore Special Events, l’activité attire désormais une myriade de nouveaux entrants. « À l’instar du marché de l’organisation de mariages, beaucoup d’amateurs tentent de prendre le train en marche, attirés par les rendements alléchants et la faible barrière à l’entrée. Mais la plupart ne durent pas : la crise a beaucoup écrémé d’acteurs. » Malgré des sollicitations qui lui sont parvenues en provenance du Golfe, le Club des deux clowns ne prévoit pas de s’exporter.
Sa fondatrice préfère désormais mettre ses compétences au service des entreprises libanaises : son équipe a ainsi été recrutée pour animer des points de vente. « Nous n’y avions pas songé. C’est un client, pour lequel nous avions organisé l’anniversaire de ses enfants, qui nous a sollicités pour réaliser l’animation de son magasin. Ça a marché et l’on développe peu à peu cette nouvelle activité. Pour nous, c’est le même métier : nous nous concentrons sur l’approche ludique du produit, qui attire la curiosité des consommateurs. » Un même esprit, mi-ludique, mi-sérieux, qu’on retrouve aussi chez la fondatrice. « J’aime profondément mon travail. En fait, je n’ai pas le sentiment de travailler : mon job prolonge ce que je suis. »
Des mentors au féminin Pour en arriver là, Christelle Fakhoury a bénéficié de plusieurs “belles rencontres”. Ce soutien a été déterminant au point qu’elle veut à son tour devenir le “mentor” d’autres femmes. Mais au préalable, la jeune femme s’apprête à lancer le premier hackathon 100 % réservé aux femmes, créatrices de start-up, en partenariat avec Altcity, l’espace de coworking de Hamra. « Nous avons besoin de nous entraider pour mieux réussir. » |