Avez-vous déjà entendu parler du management Agile ? Cette approche est largement répandue dans les départements et les sociétés informatiques dans le monde, mais elle est encore peu connue au Liban. Pour encourager les entreprises libanaises à y adhérer, notamment les start-up, la conférence Agile Tour Beyrouth a été organisée le mois dernier par Agile Liban. Entretien avec le fondateur de l’association, Pierre Hervouet.
Qu’est-ce que le mouvement Agile ?C’est un mouvement né dans les années 1990 dans les sociétés informatiques. À l’époque, on a constaté que la majorité des projets informatiques était hors budget, ne respectait pas les délais et ne correspondait pas aux attentes des clients. Il y a eu un foisonnement d’idées dans la communauté des développeurs pour mettre en place des méthodes de management différentes du système traditionnel “waterfall” (NDLR : un processus dans lequel le produit traverse plusieurs phases de développement avant d’arriver au client). Plusieurs méthodes ont été créées, certaines plus flexibles que d’autres. En 2001, 17 mouvements se sont réunis pour élaborer le manifeste Agile, qui reprend les valeurs et les principes fondamentaux pouvant aider les entreprises évoluant dans un environnement changeant. Parti de l’informatique, ce mouvement s’est étendu à la gestion de projets dans différents secteurs de l’économie de la connaissance, comme le marketing et les médias.
Quels sont ces principes ?
Il y a plusieurs écoles et différentes pratiques, mais un état d’esprit commun. Parmi les principes de base il y a notamment une collaboration très poussée entre les développeurs et le client tout au long de la réalisation du projet. L’idée est de livrer un produit le plus vite possible pour recueillir les commentaires du client avant d’avancer dans le projet, en se concentrant d’abord sur ce qui a de la valeur, puis en ajoutant petit à petit de nouvelles fonctionnalités. Les cycles de développement sont très courts, ce qui permet d’être plus réactif dans un domaine où les technologies évoluent très vite, de voir très rapidement quand il y a un blocage et de laisser davantage de place à l’imprévu. Le texte prône aussi des rapports simplifiés entre collaborateurs, une plus grande autonomisation des équipes, beaucoup de communication et une meilleure réceptivité au changement.
Quels sont les freins éventuels à la généralisation de ces principes au Liban ?
Appliquer le management Agile implique des changements culturels dans la société : il faut aplanir les structures hiérarchiques, responsabiliser les équipes, développer la communication, accepter d’exposer les problèmes en public... Or il y a souvent une résistance au changement. C’est pourquoi les start-up sont plus disposées à adopter cette approche dès le départ, d’autant que cette approche leur est inculquée par certains incubateurs ou accélérateurs. Le UK Lebanon Tech Hub par exemple promeut des principes Agile comme la nécessité de réduire les cycles de développement, de faire des prototypes et de proposer un produit minimum viable pour ne pas être dépassé par le marché. En cela, Agile est déjà l’une des dimensions de l’écosystème numérique libanais.


