La logique économique étant de chercher en permanence à augmenter la production des biens et services, deux voies sont possibles, l’une extensive, l’autre intensive. Dans le premier cas, on accroît la production en augmentant la quantité de facteurs de production utilisés. Mais cette logique a des limites évidentes : l'augmentation du travail est limitée par la croissance démographique (et l'immigration) et par la capacité et la volonté de travail de la population, l'augmentation extensive du capital (multiplier le nombre des fermes, des machines et des routes à l'identique, par exemple) bute sur des limites physiques. C’est pourquoi la seconde voie est généralement privilégiée : l’objectif est de réaliser des gains de productivité, en optimisant l’utilisation des facteurs de production. La notion de productivité est ainsi au cœur des mécanismes économiques.
L’histoire de la croissance économique est sous-tendue par l'amélioration de la santé et l'accroissement de l'éducation et des qualifications des travailleurs ; elle est aussi rythmée par les grandes découvertes techniques qui ont été les moteurs principaux des gains de productivité, même si ces derniers sont aussi le fruit de la motivation, de l'environnement, de l'entreprise, du climat social, de l'expérience et de la qualification, etc. C’est la raison pour laquelle la productivité est susceptible d'augmenter plus vite dans l'industrie que dans les services, l'agriculture se situant entre les deux.
La question de l’utilisation des gains de productivité est aussi au cœur de la réflexion économique des pays développés. Ils peuvent permettre d'augmenter la production, d'augmenter les salaires, d'augmenter les profits, de diminuer les prix (et donc d'augmenter le pouvoir d'achat des consommateurs) et de diminuer le temps de travail. Les enjeux de ces choix sont très importants sur le plan économique et social.
L’indicateur de la productivité est donc essentiel pour comprendre l’état d’avancement d’une économie par rapport à une autre. Il est toutefois souvent amalgamé à d’autres notions. Il ne faut pas confondre productivité et rentabilité : l’une rapporte la production aux facteurs de production, tandis que l’autre mesure les profits dégagés par une activité de production. De même, il ne faut pas confondre productivité et compétitivité : une entreprise peut être productive sans être forcément très compétitive. Cette dernière notion mesure la capacité à conserver et à gagner des parts de marché, et elle dépend du prix de vente et de la qualité du produit vendu.

Charbel Nahas est économiste. www.charbelnahas.org