Les estimations des comptes de la balance des paiements sont notoirement insuffisantes au Liban. Cela est paradoxal pour un pays, où ces comptes accusent des déséquilibres exceptionnellement graves.
Les estimations sont produites par plusieurs sources :
• La Banque du Liban.
• Le Fonds monétaire international.
• L'équipe en charge de l'établissement des comptes nationaux auprès du ministère de l’Économie.
Ces estimations ne sont pas concordantes et, de plus, les résultats produits pour la même année par le même organisme (le FMI en particulier) accusent des changements importants suivant les dates de publication des rapports.
Les tableaux et graphes ci-contre montrent à quel point le déséquilibre libanais est grave.
Sur une dizaine d’années, le volume des importations de marchandises reste à peu près constant, alors que les exportations de marchandises augmentent, mais restent très faibles par rapport aux importations. Les échanges de service accusent une amélioration due au tourisme, alors que les autres postes restent déficitaires. Les comptes de revenu déclinent régulièrement du fait de l'accumulation de l'endettement extérieur. La balance courante reste déficitaire à des niveaux à peu près constants.
La croissance du PIB atténue progressivement le poids relatif des déséquilibres, mais, avec une balance courante et une balance commerciale présentant des soldes négatifs à hauteur de 30 % du PIB, le Liban reste dans une situation aberrante.
Contrairement à l’opinion communément admise, cette situation est une nouveauté de l’après-guerre de 1975-1990. Avant 1975, le Liban accusait certes un déficit de sa balance commerciale (de l'ordre de 15 % du PIB, soit la moitié des niveaux d'après-guerre), mais sa balance courante était toujours équilibrée.
Une comparaison mondiale permet aussi de mesurer le caractère aberrant, au sens d’insoutenable économiquement, de la situation libanaise : sur les 150 pays pour lesquels les données sont disponibles dans la base de données de la Banque mondiale pour l’an 2000, le Liban est le seul (à part São Tomé et Príncipe, petite île du golfe de Guinée de 140 000 habitants, dont le déficit atteint 40 % et dont le revenu par tête ne dépasse pas 340 dollars) dont le déficit de la balance courante est supérieur à 30 % de son PIB.

(*) Économiste. www.charbelnahas.org

Tableaux et graphes inclus dans la version pdf.