Les personnes obèses coûtent cher à elles-mêmes ou à leur assureur lorsqu’elles sont hospitalisées. Et elles le sont
souvent, selon une étude médicale récente.

Une étude effectuée par Sarkis Zein, directeur adjoint général et actuaire à MedNet Liban, portant sur un échantillon de 11 731 personnes, démontre que «le coût moyen de la facture de l’hôpital d’une personne obèse est de 16,6 % plus élevé que la facture d’une personne ayant un poids normal». MedNet a utilisé l’indice de masse corporelle ou Body Mass Index (BMI)* pour déterminer si la personne assurée a un poids normal ou un excédent de poids. En effet, un BMI<25 indique que la personne a un poids acceptable. Un BMI de 25 à 29 montre qu’il y a du surpoids. Enfin, un BMI>30 sera signe d’obésité. Cet indice internationalement utilisé par les sociétés d’assurances, afin de savoir si la personne est à risque ou pas, est-il fiable ? «Le BMI est une valeur calculée et non pas une valeur réelle. Il ne différencie pas entre les muscles et les graisses», explique Alexandre Cheaib, endocrinologue, diabétologue, métabolicien et nutritionniste, membre de la Lebanese Task Force for Obesity. C’est la “bio impédance multifréquence associée à une composition corporelle”, deux méthodes – savantes – permettant de déterminer la masse osseuse, la masse maigre (muscles), la masse grasse et, enfin, la masse aqueuse (l’eau) qui reflètent la réalité. Ainsi, «une personne ayant un excès de muscle et un BMI élevé n’est pas nécessairement obèse», observe Alexandre Cheaib. Cependant, précise t-il, une compagnie d’assurances fera sa classification selon le BMI (parce que c’est plus facile à calculer) tandis qu’un médecin ne peut prescrire une diète selon le BMI. Hommes-femmes : sont-ils égaux ? Sarkis Zein explique que 46 % des hommes de l’échantillon (5 689) sont obèses contre 18 % des femmes de l’échantillon (6 042). «Ces chiffres paraissent bizarres», observe Alexandre Cheaib, qui a consulté quelques collègues. «Ce n’est pas ce que nous avons dans notre clientèle, mais il est normal que nous n’ayons pas la même appréciation, vu que nous n’avons pas pris d’échantillon représentatif. Les patients que je consulte sont en majorité des femmes aux alentours de 40-45 ans». Au total, 31,4 % des 11 731 personnes de l’échantillon ont un excès de poids et 68,6 % ont un poids normal. Combien cette obésité va t-elle coûter et que va-t-elle engendrer comme maladies ? Les personnes sujettes à l’excès de poids sont plus hospitalisées que celles qui ont un poids acceptable, pour des maladies liées au système circulatoire, comme les maladies de cœur, l’hypertension, qui viennent en tête de liste, ou des maladies liées au système digestif, comme le diabète. Avec tous ces facteurs, les personnes obèses sont plus souvent hospitalisées. Et lorsqu’elles le sont, elles passent plus de temps à l’hôpital et même la journée d’hospitalisation leur coûte plus cher (voir schéma). Quelles solutions préconiser donc pour minimiser le coût associé à la surcharge pondérale? La solution, conclut Sarkis Zein, serait soit d’augmenter la prime d’assurance, soit de refuser d’assurer ceux qui ont un BMI supérieur à 30. «Nous ne comptons pas encore le critère du BMI pour le calcul de la prime, mais nous y pensons à court terme». Mais les médecins ne semblent pas favorables à la solution du refus d’assurer. «Outre que c’est discriminatoire, pourquoi ne pas prendre à ce moment-là aussi en compte le fait de fumer ou d’autres facteurs de risque de type héréditaire», nous dit l’un d’eux. Et personne n’a encore effleuré les possibilités offertes par les récentes découvertes génétiques.