Âgé de 34 ans, ce financier né à Genève et originaire du Liban est à la tête d’ADS Securities, dotée de 400 millions de dollars de fonds propres.

Il fait partie de ces jeunes Libanais au profil international qui gèrent des millions de dollars, voyagent et vivent entre Singapour, Dublin, Abou Dhabi et Londres, tout en restant attachés à leur pays d’origine. Né à Genève en 1980 – ses parents ont émigré en Suisse au début de la guerre civile –, Philippe Ghanem est aujourd’hui le vice-président et directeur général exécutif du groupe ADS Securities, une société financière, basée à Abou Dhabi, dotée d’un capital de 400 millions de dollars.
Ce “Lebanese geek” de la finance internationale a commencé son parcours professionnel dès l’âge de 18 ans. « Je voulais absolument être indépendant. J’ai toujours été passionné par l’achat et la vente. J’ai donc commencé à travailler dans le commerce, avant de fonder deux ans plus tard une plate-forme spécialisée dans les transactions monétaires : EFXFX. Après ma licence en administration des affaires de l’Université internationale de Genève, mes parents m’ont proposé de faire des études supérieures dans une grande école à Londres, mais j’ai refusé. »
Philippe Ghanem revend EFXFX en 2005 pour un montant non communiqué avant de fonder avec son partenaire Georges Cohen, Squared Financial Services, une société basée à Dublin, dont il est toujours l’actionnaire principal. Celle-ci propose un système de courtage en ligne de différents types d’instruments financiers. « L’idée est d’offrir au client la possibilité de créer sa propre plate-forme. »
En parallèle, il lance Amwal à Abou Dhabi, son premier investissement dans la région, encouragé par son père, un financier qui s’était installé aux Émirats arabes unis en 1989. Cette maison de courtage focalisée sur le marché émirien a réalisé « un important volume d’affaires, alors que notre business en Europe avait de la peine à décoller », dit-il, sans vouloir donner de chiffres.
Quelques années plus tard, Amwal est néanmoins vendue pour un montant non communiqué. Philippe Ghanem, son père, et un partenaire émirien, Mahmoud el-Mahmoud, réfléchissent à une nouvelle structure basée dans le Golfe, avec une présence à l’international.
Le choix d’Abou Dhabi s’impose. « Outre sa stabilité, sa forte capitalisation et sa crédibilité, les Émirats ont un emplacement géographique qui leur confère un avantage horaire majeur. Il permet, entre 7h et minuit, d’assister à l’ouverture et à la fermeture de l’ensemble des marchés asiatique, européen et américain, et d’offrir ainsi aux clients une visibilité de 180 degrés. C’est l’une des clés de notre réussite », explique le vice-président du groupe.
En quelques années, le volume des transactions de la société fondée en 2011 explose : sur le seul marché des changes, elles passent de 2 à 10 milliards de dollars par jour. Le courtage pèse 50 % du chiffre d’affaires (non communiqué).
Cette croissance s’accompagne d’une expansion géographique à Singapour, Hong Kong et Londres. Le groupe s’appuie désormais sur une équipe de 200 personnes, contre deux il y a cinq ans. Au premier trimestre de 2015, la valeur des transactions a encore progressé de 33 %, par rapport à la même période de 2014, tandis que le nombre de clients a bondi de 492 %, à plus de 20 000 (individus et institutions), et celui des revenus bruts de 402 %. Philippe Ghanem ne souhaite pas préciser l’impact de cette performance sur ses bénéfices soulignant toutefois qu’elle est d’autant plus notable qu’elle a permis à la société de se prémunir contre plusieurs gros chocs externes, comme celui lié à la décision de la Banque nationale suisse de mettre fin à l’ancrage du franc suisse en dessous de 1,20 franc pour un euro. Cette mesure a provoqué en janvier dernier une appréciation soudaine du franc. Coïncidant avec la perte du terrain de l’euro face au dollar, elle a précipité la faillite d’un certain nombre d’acteurs du courtage Forex.