"L’accès à l’internet haut débit (à travers les câbles en fibre optique) ne peut pas être réservé à une poignée de privilégiés; élargir l’accès au plus grand nombre relève de la responsabilité de l’Etat", a déclaré mardi le ministre des Télécommunications Charbel Nahas, dans le cadre d’une conférence sur la fibre optique à domicile ( Fibre to the home- FTTH ou fibre to the building-FTTB), organisée par FTTH Council Europe.  

Pour le moment, seuls 4500 appartements ou immeubles au Liban sont équipés de fibre optique, dont 4000 ont été équipés par Solidere au centre ville de Beyrouth, et 400 utilisateurs seulement sont abonnés au service, selon les chiffres du FTTH Council Europe, une association chargée de promouvoir la fibre optique dans le monde.
 
On est bien loin des Emirats Arabes Unis, qui comptent près de 800000 foyers câblés et plus de 245000 utilisateurs. Les Emirats figurent d’ailleurs parmi les pays les plus développés au monde en termes de fibre optique. Et dans quelques temps Abu Dhabi deviendra la première ville au monde à être entièrement équipée.
 
« La fibre optique à domicile permet d’enlever tous les goulots d’étranglement sur le réseau, a expliqué le directeur de FTTH Council Europe Hartwig Tauber, au Commerce du Levant. Elle permet aujourd’hui de proposer une connexion internet à une vitesse allant jusqu’à un gigabits par seconde au consommateur final, et ce dans les deux sens (download et upload)»
 
Concrètement, une connexion DSL de 10 mégabits par seconde permet de télécharger un film DVD en une 1 heure et 44 minutes, contre 8,6 minutes pour une connexion par câble en fibre optique de 100 Mbit/s.  
 
« Les pays arabes ont commencé le déploiement de la fibre optique avec un léger retard par rapport à l’Asie, à l’Amérique du Nord et à certains pays européens, poursuit Tauber. Mais la région a une chance unique aujourd’hui de bénéficier du fait que son infrastructure est en train d’être rénovée, ou construite.  L’option de la fibre optique est donc la plus logique ».
 
Le déploiement de la fibre optique nécessite en effet des investissements et des travaux de terrassements importants, que les opérateurs privés ne sont pas souvent disposés à entreprendre. D’où l’importance de l’engagement public.
 
Au Liban, le ministère des Télécommunications a mis en place un plan en trois phases  pour  faire entrer le pays dans l’ère du haut débit.
 
Un consortium composé de l’équipementier Alcatel-Lucent et la compagnie libanaise CET a récemment été chargé de déployer 4 500 km de fibre optique pour relier tous les centraux téléphoniques ainsi que 350 gros utilisateurs (fournisseurs d’accès Internet, certaines administrations, banques, universités, hôpitaux, les deux réseaux de téléphonie mobile, des médias, etc.).
 
Un appel d’offre a également été lancé pour installer des réseaux optiques DWDM ou Dense Wavelength Data Multiplexing.
 
Mais ce n’est qu’à l’issue de la troisième phase que les utilisateurs finaux sentiront une différence. Certes, la fibre optique ne sera pas immédiatement déployée dans toutes les habitations.  Une directive de la Direction du plan oblige néanmoins les développeurs immobiliers à équiper les nouveaux bâtiments des technologies nécessaires, ce qui réduira les coûts du déploiement à domicile.
 
Pour les bâtiments anciens, le ministère va recourir à des réseaux optiques activés “active cabinets”  qui seront liés aux usagers à travers des câbles en cuivre. Si la longueur du câble ne dépasse pas 1,5 kilomètre, les usagers pourront bénéficier d’une vitesse pouvant aller jusqu’à 20 mégabits, contre moins d’un mégabit actuellement.