Le deuxième rapport sur les médias sociaux dans le monde arabe (Arab Social Media Report) du programme d’innovation et de gouvernance de la Dubai School of Government s'est penché sur le rôle des réseaux sociaux dans les mouvements civils qui ont secoué la région en ce premier trimestre 2011. Le rapport apporte « des preuves empiriques que ceux-ci ont joué un rôle important pour mobiliser, renforcer, propager des opinions et influencer les changements ». Une masse critique de jeunes utilisateurs actifs, qui utilisent les réseaux à des fins plus politiques que sociales, existe aujourd’hui dans le monde arabe, note le rapport.

Au Liban, l’actualité des réseaux sociaux a quelque peu été occultée par celle de la région, mais la lecture du rapport fait ressortir que leur usage y est très bien répandu, comparativement à la population du pays et à ses infrastructures défectueuses.
 
Le nombre d’utilisateurs de Facebook au Liban a augmenté de 113.940 au premier trimestre 2011, pour frôler le million, ce qui représente un taux de pénétration de la population de 25,50%. En comparaison, et si l’on considère les chiffres récents (2010) de la population fournis par les Bureaux de Statistiques Nationales des pays du Golfe, dont la population a drastiquement augmenté ces dernières années, les Emirats arabes unis, à la tête du classement régional, affichent un taux de pénétration de Facebook de 29,13%, et le Qatar de 28,32%. Le Liban, malgré son infrastructure internet défectueuse, est donc en bonne position. Ceci dit, et pour des raisons de cohérence, le rapport a choisi d’utiliser les chiffres de la population fournis par les Nations unies, qui datent de 2007 : dans ce cas- là, les Emirats affichent un taux de pénétration de 50,01% ; ils sont suivis par Israël, (44,18%), le Bahreïn (36,83%), la Turquie (35,89%), le Qatar (30,63%), et le Koweït (25,51%).
Dans le monde arabe, le nombre d’utilisateurs de Facebook a pratiquement doublé en un an, et a augmenté de 30% depuis le début de l’année : il est de 27,7 millions au 5 avril 2011, à comparer à 14,8 en avril 2010 et 21,4 début janvier 2011. Cela représente 4% des 677 millions d’utilisateurs Facebook dans le monde. Le taux de pénétration progresse de 6% fin 2010 à 7,5% à la fin du premier trimestre 2011.
 
Par rapport à la région, le Liban se distingue  par une répartition des sexes plus équilibrée sur le réseau social de Mark Zuckerberg : 45% des ses utilisateurs sont des femmes, au dessus de la moyenne régionale de 33,5%, mais en dessous de la moyenne mondiale de 61%.
Par ailleurs, les internautes du pays du Cèdre sont les plus enclins de la région à utiliser Facebook en anglais : ils sont 90,63% à choisir leur interface dans la langue de Shakespeare, ce qui peut s’expliquer par l’importance de la diaspora libanaise et la volonté de communiquer avec le plus de gens possible. Seuls 5,11% des internautes libanais utilisent Facebook en arabe (lancé en mars 2009), et 2,85% choisissent le français. En comparaison, en Jordanie voisine, 44,32% des utilisateurs se connectent en arabe, et 54,77% en anglais.
Enfin, la population libanaise sur Facebook est relativement jeune : 67% d’entre elle a entre 15 et 29 ans ; la moyenne régionale est de 70%.
 
Pour sa deuxième édition,  le rapport introduit une estimation du nombre d’utilisateurs de la plateforme de micro-blogging Twitter dans le monde arabe. Ils seraient 6,6 millions d’utilisateurs à fin mars 2011, dont 1,2 million réellement actifs, c’est-à-dire qui publient  au moins un tweet en ligne sur une période de deux semaines. Des études ont en effet démontré que la majorité des utilisateurs de Twitter (appelés tweeps) utilisent le réseau comme source d’information plutôt que comme micro-blog. 
Proportionnellement au reste du monde, les internautes arabes sont un peu moins présents sur Twitter que sur Facebook, peut-être en raison du fait que Twitter n’a pas encore lancé d’interface en arabe : ils représentent 3,43% des 35 millions de tweeps actifs et 3,30% des 200 millions de tweeps. Les utilisateurs actifs arabes ont généré 22.750.000 tweets sur les 3 premiers mois de l’année 2011, soit 252.000 tweets par jour, ou 175 tweets par minute, ou encore 3 tweets par seconde. Le nombre estimé de tweets quotidiens par utilisateur actif est de 0,81.  
Le Liban quant à lui a généré près d’un million de tweets entre janvier et mars 2011, du fait de ses 79.163 tweeps actifs, qui représentent 1,85% de la population libanaise ; c’est plus que la Jordanie (0,85%), l’Egypte (0,15%), l’Arabie Saoudite (0,43%), et même Israël (1,42%) ; mais c’est moins que le Qatar, qui est en tête du classement avec 8,46% de sa population activement connectée, suivi du Bahreïn (7,53%), des Emirats (4,18%), et du Koweït (3,36%).

La Dubai School of Government a été créée en 2005 pour promouvoir les principes de bonne gouvernance dans la région. Pour produire son deuxième rapport, l’équipe de chercheurs a analysé les données des utilisateurs dans les 22 pays arabes ainsi qu’en Iran et en Israël.