« PING ae-7-7.ebr1.Paris1.Level3.net (4.69.143.238): 56 data bytes 64 bytes from 4.69.143.238: icmp_seq=0 ttl=59 time=90.340 ms ». Vous n’y comprenez rien? C’est normal, mais selon la communauté "geek" du Liban, c’est la preuve que le câble IMEWE (India Middle-East Western Europ), est enfin activé, après sept mois d’attente. Ce câble est  censé multiplier par 40 la capacité internet internationale du Liban, aujourd’hui de 3 Gb/s.

Habib Torbey, PDG de GDS (maison-mère d’IDM, plus grand fournisseur de services internet du pays), confirme qu’Ogero et les acteurs du secteur privé ont été connectés à IMEWE dès lundi, comme s'en est fait l'écho la presse. Mais selon Samer Karam, fondateur du catalyseur de start-up Seeqnce, la capacité supplémentaire n’est effectivement disponible que depuis vendredi. « Activer ce genre de câble nécessite des ajustements techniques, qui ont pris un peu de temps, explique-t-il, il y aura probablement une période de transition ». 
 
Maroun Najm, consultant informatique, explique : «  Nous pouvons tracer la route via laquelle l’information est envoyée sur Internet, et depuis vendredi, cette route passe par Marseille, le point de terminaison d’IMEWE. » Samer Karam renchérit : « Les tests que nous avons menés montrent une amélioration de la vitesse de 50 % ».
Mais attention, tout le monde ne ressentira pas d’amélioration, car à ce stade, « le commun des internautes bénéficiera d’un meilleur internet (latence), pas d’un internet plus rapide », explique Karam. « Il y aura moins d’embouteillages sur les lignes, détaille Najm, ce qui se traduira par une meilleure connexion pour la vitesse souscrite dans l’abonnement. »
Cette étape représente une avancée majeure pour l’Internet libanais, régulièrement classé parmi les pires au monde. Mais elle n’est pas suffisante. Les négociations commerciales nécessaires à l'utilisation effective par le Liban de la capacité initiale de 120 gb/s de bande passante internationale qui lui a été allouée n'ont pas encore été menées avec IMEWE. Il faut aussi distribuer aux usagers la capacité supplémentaire dont bénéficie le réseau grâce à IMEWE, mais aussi grâce à l'obtention d'une capacité supérieure sur les câbles Cadmos (on est passé de 2,9 à 210 Gb/s et les accords commerciaux sont déjà en vigueur pour ce câble) .
« Lorsque nous payons pour 512 Kb/s, nous devrions avoir vraiment 512 Kb/s ! », commente l’un des membres de Flip the Switch, le groupe Facebook qui a œuvré pour l’activation d’IMEWE, et qui s’est littéralement enflammé à l’annonce de la nouvelle. Il faut ensuite réviser à la baisse les tarifs, car rien ne sert d’augmenter la capacité si son prix unitaire reste rédhibitoire : le E1 (2 Mb/s) est aujourd’hui à 2700-3000 dollars ; le secteur privé milite pour qu’il soit baissé à 100 dollars. La révision des tarifs relève du Conseil des ministres, et le nouveau ministre des Télécoms Nicolas Sehnaoui a annoncé qu’il allait lui soumettre bientôt un projet de décret en ce sens, sans en révéler à ce stade le détail.
 
Contactés par le Commerce du Levant, le ministère des Télécommunications et Ogero n’ont pas voulu commenter l’activation d’IMEWE.

(Version modifiée)