Dénoncer la censure, moquer son fonctionnement sans tout à fait la caricaturer, dans une web-série au format court adapté aux connexions laborieuses du Liban. Le tout sans s’exposer à la censure, qui s’appuie sur des textes lacunaires ne prévoyant aucun contrôle d’Internet… C’est l’objectif de Mamnou3 (interdit en arabe), une web-série de dix épisodes d’environ huit minutes diffusés à partir du 1er juillet et soutenue par la Fondation Samir Kassir.

Premier concept de « faux documentaire » (ou mockumentary en anglais) dans le monde arabe, la série décrit la vie du bureau de la censure de la Sûreté générale, chargée de veiller à ce que films, pièces de théâtre ou émissions de télévision ne perturbent ni les bonnes mœurs, ni la paix civile.

L’idée a germé lors d’une conférence sur la censure organisée par la Fondation Samir Kassir. Son directeur exécutif Ayman Mhanna fait alors défiler les films qui ont été censurés au cours de l’année et en explique la raison à chaque fois. « Les motifs invoqués étaient tous ridicules, on n’en revenait pas dans la salle… J’ai alors commencé à imaginer le processus et les personnages qu’il y a derrière cette censure », se souvient Nadim Lahoud, producteur délégué de Mamnou3.

La Fondation Samir Kassir a financé la web-série par l’intermédiaire du Centre SKeyes, qui a pour objectif de surveiller les violations de la liberté de la presse et les entraves à la culture. La fondation est elle-même principalement financée par l’Union européenne.

La réalisation de la web-série qui a coûté 60.000 dollars a été confiée à Nina Najjar. Les acteurs sont des étudiants.
« Internet nous donne accès à des gens qui, souvent, ne sont même pas au courant que la censure existe, assure Ayman Mhanna. Evidemment, ce média permet également à la série de toucher un public international, principalement les Libanais de l’étranger. » Si le succès est au rendez-vous, une deuxième saison est envisagée.