Faute de fonds suffisants, le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) va limiter l’aide alimentaire fournie aux réfugiés syriens. À compter du 1er octobre 2013, 28 % des 726 000 réfugiés syriens enregistrés par le HCR au Liban – soit environ 203 000 personnes - ne percevront plus d’aide alimentaire.

« Nous mettons en place un programme d’assistance ciblée, basée sur une étude de la situation sociale de chacun des réfugiés enregistrés », explique Roberta Russo, chargée de la communication du HCR au Liban.

En cause ? Les donateurs internationaux – Etats-unis et Europe en tête – qui ont fait la sourde oreille aux appels à contribution, lancés par les Nations unies.

Pour l’année 2013, l’organisation internationale demandait 1,7 milliard de dollars afin de gérer la situation des réfugiés syriens au Liban.

« À ce jour, nous avons reçu 438 millions de dollars, soit 27 % de la contribution espérée », ajoute Roberta Russo qui poursuit : « Il est possible que nous recevions encore certaines contributions, mais il y a fort peu de chance pour qu’elles atteignent le niveau de 2012 : l’an passé, nous avons reçu 90 % du financement demandé, soit 95 millions de dollars sur les 106 millions souhaités. En terme absolu, le financement reçu pour 2013 a augmenté, mais il n’est pas proportionnel aux besoins qui se sont accrus plus rapidement. »

Pour l’ensemble de la région, les Nations unies réclamaient trois milliards de dollars pour 2013. À ce jour, 40 % de la somme attendue ont été perçus.

« L’exode des réfugiés syriens [dans la région] s’est dramatiquement accéléré, avec plus d’un million de réfugiés arrivés sur les premiers cinq mois de 2013 seulement. (…) Si cette tendance se maintient, ce sont plus de 3 millions de Syriens qui auront fui la guerre dans leur pays que la région accueillera d’ici à la fin 2013 », assure le site du HCR.

L’instauration de cette politique « d’assistance ciblée » est liée à l’absence des financements attendus. Mais le fait de mieux déterminer l’aide à apporter selon les profils et les besoins n’a rien d’inhabituel. « Au début d'une opération, on apporte une aide indifférenciée à tout le monde. Mais au fur et à mesure que la crise se poursuit, on acquiert une meilleure connaissance des populations touchées, comme c'est le cas maintenant après trois ans de guerre en Syrie. On est alors en mesure de mieux assurer la distinction entre ceux qui peuvent survivre sans assistance et ceux qui ne le peuvent pas », précise encore Roberta Russo.

En d’autres termes, malgré la diminution de l’aide, les plus vulnérables devraient continuer à bénéficier d’une assistance alimentaire et profiter de l’ensemble des services du HCR (assistance sanitaire, éducative, baby kit, aide en numéraire…).

Selon les données du HCR publiées début septembre, le nombre total de réfugiés syriens dépasse désormais les deux millions dans la région. Au moins la moitié d’entre eux aurait trouvé refuge au Liban.

Pour le pays du Cèdre, secoué par la crise économique, ce poids est énorme : ils représentent près de 20 % à 25 % de la population, estimée à 4 millions d’habitants.

D’ores et déjà, plusieurs enquêtes pointent du doigt la « concurrence déloyale » et le « dumping social » qui pèsent désormais sur le marché du travail libanais, en particulier sur le secteur informel et les professions les moins qualifiées.

À ces réfugiés s'ajoutent, en plus, les Palestiniens qui vivaient en Syrie (80 000 enregistrés par le HCR) et qui ont rejoint le Liban, ainsi que les Libanais installés depuis des années en Syrie, retournés vivre dans leur pays.