Après Euromena I et Euromena II, le groupe de capital-risque, Capital Trust, va lancer en mai prochain son fonds troisième génération dans un contexte régional tendu.

Le groupe Capital Trust s’apprête à lancer en mai prochain le fonds Euromena III doté de 200 millions de dollars pour des investissements dans des sociétés à fort potentiel de croissance implantées au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (Mena). Il succède aux fonds Euromena I et Euromena II, lancés respectivement en 2006 et 2009, dotés de 155 millions de dollars au total, dont 121 millions ont été effectivement investis.
Ce lancement porte à 355 millions de dollars le montant global des investissements gérés par Capital Trust dans la région.
Le groupe de capital-risque joue le rôle d’intermédiaire entre les investisseurs (institutionnels et particuliers) et les sociétés dans lesquelles il investit. Sa rémunération provient d’une commission de gestion annuelle équivalente à 2 % du fonds et d’une part de 20 % des bénéfices de la revente de ses parts.
Euromena I a revendu quatre des neufs prises de participation réalisées, avec un rendement moyen équivalent à deux fois le montant investi, affirme Gilles de Clerck, directeur exécutif de Capital Trust, sans plus de précision concernant les montants. Euromena II a effectué six investissements, avec aucune vente jusqu’à présent. 
« Au début, nous allions démarcher les compagnies. Aujourd’hui, elles sont de plus en plus nombreuses à venir vers nous », se réjouit Gilles de Clerck.
En plus d’une notoriété acquise au fil des ans, c’est l’attrait croissant pour un mode de financement alternatif jusque-là peu répandu qui favorise le développement de Capital Trust, malgré les contraintes géopolitiques actuelles. « Le capital-risque commence à faire son chemin dans la région Mena comme substitut ou complément à l’autofinancement, à l’emprunt bancaire ou à l’introduction en Bourse pour les plus grandes sociétés. La région se caractérise en outre par un important potentiel de croissance et une grande capacité d’adaptation. Depuis le début des révoltes arabes, nous avons investi dans trois projets en Égypte, dont les taux de croissance évoluent autour de 20 % par an », souligne Gilles de Clerck.
Capital Trust n’investit pas dans des start-up, mais dans des sociétés plus mûres cherchant à élargir leurs activités et/ou à s’exporter dans la région. « Notre principe est simple : accompagner dans leur croissance des sociétés déjà établies sur le marché, en injectant des liquidités susceptibles de concrétiser leurs projets d’expansion, et assurer, d’autre part, un bon rendement aux investisseurs, l’objectif étant de revendre les parts à un horizon de cinq ans. » Seul secteur exclu a priori, celui du bâtiment.
L’entrée au capital des sociétés s’accompagne de conditions, même quand elle est minoritaire. Outre le contrat de vente et d’achat de parts au sein d’une société et le pacte d’actionnaires, qui permet de garantir les passifs de la société, le groupe et les sociétés renfloués s’engagent à développer une vision commune d’expansion dont l’ultime objectif est d’assurer une croissance annuelle de 20 à 30 % du chiffre d’affaires ainsi qu’un rendement équivalent à deux, voire trois fois l’investissement initial.

Extension géographique

Le fonds Euromena III, qui sera lancé en deux étapes, avec une première clôture de 100 millions de dollars en mai, suivie d’une autre émission vers la fin de l’année, se démarque des deux fonds précédents par sa taille comme par l’élargissement de sa couverture géographique. « Aux huit pays déjà existants, vont désormais s’ajouter l’Irak, la Libye, exclue durant l’ère de Mouammar Kadhafi, et l’Afrique subsaharienne, à laquelle seront alloués 20 % des capitaux. Ce dernier choix est dicté par la volonté d’accompagner la diaspora libanaise dans ses projets en Afrique. »
Capital Trust est déjà en négociation avec quatre sociétés pour cette première phase, dont deux dans le secteur agroalimentaire au Maroc et en Afrique subsaharienne, une société spécialisée dans le commerce de détail en Égypte et une dernière dans le secteur de l’impression au Liban.
Côté souscripteurs, Capital Trust est en négociation avec des institutions financières de développement allemande et coréenne qui pourraient suivre l’exemple de la Banque européenne d’investissement (BEI), Proparco, Averroès et la Caisse des dépôts. Les investisseurs institutionnels représentaient jusque-là 30 à 40 % des montants levés, contre 60 à 70 % pour les particuliers, pour la plupart des riches hommes d’affaires du Golfe et d’Afrique du Nord.