La Ligue maronite parraine un projet de loi (no. 10/10) portant sur la création d’une Zone économique spéciale (ZES) dans la région de Batroun sur le modèle de la loi de 2008 créant celle de Tripoli.

La ZES de Batroun, qui pourrait voir le jour à l’horizon 2017, vise « à créer un environnement propice à l’innovation, à l’investissement et à la création d’emplois, et à promouvoir, en parallèle, la décentralisation administrative », souligne Laurent Aoun, membre du conseil exécutif de la Ligue maronite et président de son comité économique.

Elle accueillera en particulier les industries spécialisées dans les nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC) sur un terrain de 200.000 mètres carrés appartenant à l’archevêché maronite de Batroun, dans la localité de Kfarhay.

« Nous voulons leur offrir une infrastructure moderne et efficace à des prix compétitifs. Elles bénéficieront aussi d’exonération de l’impôt sur le revenu et de taxes douanières à l’import et à l’export pour les marchandise qui n’entrent pas sur le territoire libanais », souligne Laurent Aoun.
Autre avantage : l’accélération des démarches administratives durant la phase de décollage confiée en vertu du projet de loi à une autorité indépendante à qui l’Etat délèguera toutes les formalités concernant la zone.

Si le volet juridique du projet est entamé, la phase de financement devra attendre la fin des études de faisabilité en cours et la création de l’autorité indépendante. « Celle-ci se chargera de désigner un ou plusieurs opérateurs privés, à titre d’exploitants, qui financeront la mise en place de la zone et de son infrastructure (routes, communications, adduction d'eau...) et géreront la location des terrains », indique Laurent Aoun, sans préciser le coût global estimé ni les loyers qui seront appliqués.

Contrairement à de nombreux pays, le Liban ne dispose toujours pas de zones économiques. Le concept n’est pas nouveau puisque « la première du genre a été créée à Gibraltar en 1704 suivie de celle de Singapour, en 1819 », rappelle Laurent Aoun. Ces structures sont de réels leviers de croissance économique, plaide-t-il. « L’Irlande, dont l’expérience en la matière date de 1959, a largement profité de ce modèle de villes économiques, à l’instar d’autres pays d’Amérique latine ou d’Asie du Sud-Est. »

Les ZES les plus célèbres ont été créées en Chine sous le gouvernement de Deng Xiaoping au début des années 1980. Celle de Shenzhen, qui n’était à l'origine qu’un simple village, est devenue en une vingtaine d'années une ville de plus de 10 millions d’habitants.
En 2007, la Banque mondiale estimait à 3.000 les ZES ou projets de ZES réparties dans 120 pays.