Malgré la guerre qui ravage la Syrie, le vignoble de Lattaquié, maintient son activité.

Malgré la guerre en Syrie, Château Bargylus, domaine vinicole de 12 hectares dans la région de Lattaquié (Syrie), détenu par Sandro et Karim Saadé, maintient son activité. En 2013, Bargylus, qui a été fondé en 2002 et dont le premier millésime date de 2006, a ainsi produit quelque 45 000 bouteilles de blanc et de rouge. Un volume identique aux années passées.

Pourtant, Karim et Sandro Saadé, également propriétaires de Château Marsyas à Kefraya, dans la Békaa, n’ont pas mis le pied en Syrie depuis deux ans. Le passage de la frontière libano-syrienne leur est impossible, les régions à traverser trop dangereuses pour accéder à Lattaquié.

« Peu de combats ont eu lieu dans cette région. Mais il y a quelques mois, des obus ont explosé dans nos vignes. C’étaient des tirs sans cible précise qui n’ont pas fait de victimes, ni causé de dégâts aux installations », explique Stéphane Derenoncourt, œnologue-conseil de Château Bargylus, de passage à Beyrouth où il suit aussi l’évolution de Marsyas.

Impossible d’y aller ? On se débrouille : l’équipe, restée sur place, à Lattaquié, dialogue régulièrement avec sa direction, basée à Beyrouth, par visioconférences. « À Lattaquié, on a la chance de travailler avec la même équipe depuis la création de Bargylus. Une vraie confiance s’est installée ; les compétences de nos hommes sur place se sont améliorées. Ils sont plus à même de répondre à des problèmes ponctuels », reprend l’oenologue.

Quand les vendanges se profilent, Karim et Sandro Saadé acheminent au Liban par taxis des échantillons des raisins de chaque parcelle dans des caissons réfrigérés, afin d’en estimer la maturité et de décider des dates de récolte.

Le vin vieillit toujours sur place dans les installations de la propriété. Une fois embouteillé, il est transporté vers l’Europe et le Liban. « Une partie part à destination de l’Europe, via le port de Damiette en Egypte. Le vin est ensuite stocké dans des entrepôts en Belgique. Une autre partie rejoint Beyrouth », explique Sandro Saadé. 70 % de la production de Bargylus part ainsi vers l'étranger ; 30 % reste au Liban à destination du marché local.  

Ce transport a un coût, que le domaine supporte seul. « Cela représente entre 0,5 et 1 euro supplémentaire par bouteille. Mais ce surcoût est pris sur nos marges. Le prix pour le consommateur reste inchangé », assure encore Sandro Saadé.

Bien sûr ces conditions n’ont rien d’idylliques. « Mais c’est une « forme de résistance » : nous maintenons envers et contre tout ce projet de vin syrien, auquel nous croyons toujours », conclut l’œnologue, Stéphane Derenoncourt.