A l’occasion de Vinifest, le salon des vins qui se tient à l’Hippodrome jusqu’au 12 octobre prochain, rencontre avec l’un des principaux vignobles libanais, Château Kefraya. Michel de Bustros, son PDG, et Edouard Kosremelli, son directeur général adjoint, annoncent plusieurs grandes nouveautés. Première annonce : une édition limitée des Bretèches 2012, imaginée par l’artiste libanais Mazen Kerbaj.

La production de Château Kefraya a baissé passant de 2 millions de bouteilles en 2009 à 1,5 en 2013. Quelles en sont les causes ?
Château Kefraya oscillait entre 1,8 et 2 millions de bouteilles. Aujourd’hui, nous nous situons plutôt entre 1,3 et 1,5 million. Cette baisse de la production s’explique en partie par des campagnes d’arrachage et de replantation de vignes, qui visent à améliorer la qualité des vins. Cette baisse nous permet également de nous concentrer sur nos propres vignobles, qui représentent désormais 80 % de notre approvisionnement. Ne nous leurrons pas cependant : cette diminution de la production reflète aussi la baisse de la consommation locale. Même si la Syrie n’a jamais représenté un vrai débouché pour Kefraya, la crise régionale, associée à la baisse du nombre de touristes au Liban, entraîne une baisse de la consommation locale. Spécialement l’hiver dernier où un temps clément n’a guère été favorable aux ventes de vin rouge. Malgré tout, nous maintenons nos parts en valeur comme en volume sur le marché local. En 2013, nous avons même gagné 10 % de croissance. Quant aux ventes à l'étranger, elles représentent désormais 40 % de notre chiffre d’affaires.

Pourquoi avez-vous avez arrêté en 2012 la fabrication de deux vins : la Dame Blanche (blanc) et la Rosée du Château (rosé) ? A l’époque, vous évoquiez une « montée en gamme ».
Château kefraya n’achète pas de raisins hors des limites du village de Kefraya. C’est sa force : le domaine affirme ainsi son attachement à son terroir. Mais c’est aussi sa faiblesse : quand les rendements ne sont pas au rendez-vous, des références sont interrompues. C’est arrivé en 2012 et 2013 avec La Rosée du Château et la Dame Blanche, dont nous reprenons aujourd’hui la production au compte-goutte. Avec l’arrêt de ces deux entrées de gamme, nous avons, c'est vrai, perdu des parts de marché. Mais que pouvions-nous y faire ? Le vignoble n’était pas en mesure de répondre.

Aujourd’hui, vous annoncez plusieurs changements qui tendent à moderniser l’image de marque de cette vieille maison… Etes-vous en train de travailler à un repositionnement de la marque ?
Nous lançons cet automne plusieurs nouveautés. L’idée  n’est pas de repositionner la marque, plutôt de relancer une machine qui, ces dernières années, s’était peut-être endormie. Pour Vinifest, par exemple, nous avons donné carte blanche à l’artiste libanais Mazen Kerbaj pour imaginer l’étiquette (et la contre-étiquette) d’une édition limitée (23 000 cols) de Bretèches 2012. Résultat : un design noir, blanc et rouge très contemporain, très graphique pour une bouteille de Bretèches, rebaptisée Bacchanales Beyrouthines. C’est peut-être un choix plus audacieux qu’auparavant, mais Kefraya a toujours accordé à l’art une place prépondérante. Songez aux héroïnes d’Opéra dont nous prenions le prénom presque chaque saison pour personnaliser l’un de nos vins.

On parle aussi de deux nouveaux vins…
Nous mettons aujourd’hui en œuvre un vieux rêve de Michel de Bustros : offrir au Comte de M, notre vin rouge premium, sa comtesse : un vin blanc, assemblage de viognier et de chardonnay, vieilli une année entière en barrique de chêne neuf. Pour le premier millésime (2011), on a produit 5000 cols de cette Comtesse de M, qui se veut un vin de garde, disponible à partir de décembre prochain. Le prix reste encore à déterminer. Enfin, dernière nouveauté : un milieu de gamme (rouge), dénommé Les Coteaux. Il s’agit ici d’un assemblage de deux cépages (marselan et syrah). Les Coteaux 2011 sera vendu aux environs de 17 000 livres libanaises (11,4 dollars) dans le commerce. C'est un vin léger, peu boisé, qui entend séduire un public plus jeune. Pour ce galop d’essai, on a prévu une production de 22 000 bouteilles.