À l’origine, ce qui fit la personnalité créative de Henry Dakak, c’est son penchant d’enfance pour le “désossage” : petit-fils d’ingénieur mécanique, fils d’ébéniste et d’antiquaire, Henry Jr passait son temps à démanteler puis à remonter les objets qui lui tombaient sous la main. Adulte, cette troublante habitude ne le quitta point. Mais il trouva dans la création de meubles “sur mesure” un biais pour la canaliser. Ses meubles, qu’il s’agisse de bureaux, de lampes industrielles, ou de simples coffrets, semblent tout droit sortis d’un plateau de cinéma des années 1940. À ce bureau, Humphrey Bogart aurait pu jouer les détectives ; sur cette console d’acajou, Lauren Bacall, s’adosser, pensive. Il faut croire pourtant que cela ne suffisait plus à son besoin de “recréation” : depuis trois ans, Henry Jr furette aussi du côté des bijoux. Reprenant son tablier d’apprenti, sous la férule d’un maître (dont il préfère taire le nom), le jeune homme de 37 ans a passé ces dernières années à tout réapprendre, pour dessiner, imaginer et travailler chaque pièce à la main. « Ce qui m’attire, c’est de partir d’un objet qui a pu perdre son utilité première et lui en attribuer une autre. » De sa première collection, on retient ses bagues imaginées à partir de clous de tapissier et sertis de diamants (ou de saphirs). Aujourd’hui, son style s’est affiné en même temps que complexifié. Travaillant désormais sur des motifs, davantage que des objets, Henry Dakak Jr imagine des pièces s’inspirant de détails oubliés : une boucle de ceinture fait une broche ; le liseré d’un galon sert de filigrane à un anneau d’or. « J’aime l’idée de tout sculpter à la main. C’est cela qui donne un relief, une forme, et qui singularise la pièce dans un univers trop plat, trop uniforme à mon goût. »
HHD, 252 Abdel Wahab el-Inglizi, www.henrydakakjr.com
À partir de 1 000 dollars la bague.