Un article du Dossier

La difficile survie des hôtels libanais

Depuis 2012, Bureau Veritas, organisme international chargé par le ministère du Tourisme de distribuer leurs précieuses étoiles aux hôtels libanais, a déjà évalué 113 établissements. Précédemment, les étoiles étaient décernées par le ministère lui-même, selon un modèle hérité des années 1970, mais c’est un souci d’harmonisation avec les normes internationales et la volonté de placer le secteur du tourisme libanais sur le même plan que ses compétiteurs étrangers qui a fait pencher la balance en faveur de cette externalisation.
Le travail de Bureau Veritas commence par une inspection. Le système de classification s’inspire directement des réglementations mondialement reconnues, s’appuyant sur des critères “obligatoires” et “facultatifs”. Chaque critère rempli donne des points qui, cumulés, déterminent le nombre final d’étoiles que l’établissement peut revendiquer. Les établissements “une étoile” doivent respecter 71 critères obligatoires et comptabiliser 90 points, les “deux étoiles” 83 critères et 170 points, les “trois étoiles” 134 critères et 250 points, les “autres étoiles” 157 critères et 380 points, et les “cinq étoiles”, au plus haut du classement, atteignent les 174 critères et 570 points. Les établissements proposant des services considérés comme en sus par Bureau Veritas (tels que la garde d’enfants) obtiennent la distinction supérieure “S”.
Cette procédure a un coût, qui varie en fonction du type de structure (hôtels/appartements meublés/restaurants) et du nombre de chambres, avec un minimum de 1 150 dollars pour un petit hôtel. Ces coûts leur sont directement facturés et incluent 10 % de taxes qui reviennent au ministère du Tourisme.
Le contrat entre Bureau Veritas et le ministère a pris fin en mai 2016. Lors de la rédaction de cet article, il n’était pas encore renouvelé.



Trois questions à Joseph Chatta, directeur de Bureau Veritas Liban

La crise du secteur touristique au Liban a-t-elle affecté votre travail ?
Oui, car elle a conduit plusieurs établissements touristiques à reporter leur projet de classification. Nous remarquons que le nombre de nouveaux contrats collectés, ainsi que le nombre de renouvellement de contrats a diminué au cours de ces cinq dernières années.

Quels sont vos projets dans ce contexte ?
Il serait intéressant de travailler en collaboration avec le ministère du Tourisme à la mise en place de critères spécifiques aux snacks, cafés, pubs et boîtes de nuit afin de couvrir tout le secteur touristique au Liban. Concernant les chambres d’hôte, les discussions sont en cours avec le ministère pour établir un projet de classification.

Que se passe-t-il pour un hôtel qui prétend être un cinq étoiles par exemple alors qu’il n’est pas certifié ?
Malheureusement le contrôle ne relève pas de notre responsabilité. Nous savons qu’un certain nombre d’hôtels et de restaurants d’ailleurs pratiquent ce genre de publicité mensongère, mais nous ne gérons pas cet aspect de la régulation des établissements. Il relève du ministère du Tourisme, dont le nombre d’inspecteurs est peu élevé.

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