Un article du Dossier

L’économie syrienne est durement affectée

Depuis mai dernier différentes formes de sanctions économiques ont été adoptées par la communauté internationale, principalement les pays occidentaux, la Ligue arabe et la Turquie contre la Syrie, officiellement pour punir les autorités syriennes de la répression contre la population. Ces mesures ont pris plusieurs formes : des sanctions visant des individualités et des institutions spécifiques désignées comme portant de manière plus ou moins directe leur soutien à la politique de répression ; des mesures visant certains secteurs économiques et plus particulièrement le pétrole ; et des interdictions visant les transactions bancaires avec le pays.
La liste des individualités diffère selon les pays, mais on y retrouve invariablement des hommes d’affaires influents, tel Rami Makhlouf, le magnat des télécommunications et de l’immobilier, et cousin du président Bachar el-Assad, Mohammad Hamsho, un homme d’affaires aux activités qui vont de la construction à la production cinématographique, ou Tarif al-Akhras, un importateur de denrées alimentaires. On y retrouve aussi souvent des dirigeants politiques, au premier rang desquels figure souvent le président de la République ou bien aussi ses ministres de l’Intérieur, de la Défense ou des Affaires étrangères. De même que, et ils sont les plus nombreux, des officiers de l’armée et des services de sécurité.
Parmi les institutions citées on retrouve, en plus des nombreuses entreprises appartenant à ces individus, des entreprises du secteur public, en particulier la Banque commerciale de Syrie et les entreprises du pétrole.
Ainsi de manière régulière ces listes sont mises à jour et publiées sur les sites Internet de la Commission européenne ou du département du Trésor américain. Les sanctions incluent un gel des avoirs et, dans le cas des individualités, une interdiction de voyage. L’autre pan des mesures économiques concerne l’interdiction du commerce et du financement du pétrole syrien. Bien qu’adopté par la plupart des pays, cette mesure est particulièrement sévère dans le cas de l’Union européenne, qui achète traditionnellement près de 95 % du brut syrien. Le fait que le financement et l’assurance des tankers transportant le pétrole soient également interdits constitue un obstacle au démarchage de nouveaux clients. Par ailleurs, l’inclusion début décembre des entreprises du secteur public du pétrole dans la liste publiée par l’Union européenne a mené à l’annonce par Shell et Total, les deux plus grands investisseurs du secteur privé, de la suspension de leurs activités en Syrie.
Par ailleurs, l’interdiction en août par l’administration américaine de toute transaction en dollars avec la Syrie a sérieusement compliqué les transactions internationales, à la fois des secteurs privé et public. La pression exercée par l’administration américaine est telle que la plupart des banques libanaises n’acceptent plus depuis plusieurs semaines l’ouverture de comptes bancaires par des citoyens syriens.
En pratique, les mesures annoncées par l’administration américaine apparaissent les moins ciblées d’entre toutes puisqu’elles incluent l’interdiction faite à tout ressortissant américain d’avoir une quelconque transaction financière avec le gouvernement syrien. Cela veut dire, par exemple, qu’en théorie un médecin binational syro-américain ne peut plus exercer en Syrie, car tout revenu qu’il pourrait tirer de son travail est générateur de taxes et d’impôts qui doivent être reversés au gouvernement syrien.
Par ailleurs, les décisions début décembre de la Turquie et de la Ligue arabe de mettre fin à tout lien avec la Banque centrale de Syrie menaçaient de fermer tous les comptes clearings que celle-ci maintient dans plusieurs institutions financières de la région et de compléter l’encerclement financier du pays.
En réaction, le gouverneur de la Banque centrale a annoncé l’ouverture de comptes en euros et en roubles dans les banques russes VTB, VEB and Gazprombank.

• Pour la liste des sanctions imposées par l’Union européenne, le site de la Délégation de la Commission européenne à Damas :
http://eeas.europa.eu/delegations/syria/index_en.htm
• Pour les sanctions américaines, le site du département du Trésor américain :
http://www.treasury.gov/resource-center/sanctions/Programs/pages/syria.aspx

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