The Lebanese Credit Insurer défriche un marché encore ignoré de la plupart des entreprises libanaises dont le potentiel est pourtant grand.
Créée en 2001, The Lebanese Credit
Insurer (LCI) est un précurseur sur le
marché régional de l’assurance-crédit.
Elle est la seule entreprise privée sur un
segment où n’opèrent que deux agences
publiques, l’Inter Arab Investment
Guarantee Corporation (IAIGC) et
l’Islamic Corporation for Insurance of
Investments and Export Credits (ICIEC).
Détenue majoritairement par Atradius,
deuxième assureur crédit au monde, la
société a généré des primes pour plus
d’un million de dollars en 2005. Ce
chiffre correspond à la couverture d’un
chiffre d’affaires de plus de 100 millions
de dollars. L’objectif est de le quintupler
d’ici à 2011, sans compter le potentiel
qu’ouvrent les perspectives de diversification
envisagées, tant géographique – dans
un marché encore vierge – qu’au niveau
des services proposés.
Gérée par une équipe d’une quinzaine de
spécialistes, The Lebanese Credit Insurer
défriche un marché encore ignoré de la
plupart des entreprises et des courtiers. Le
besoin est pourtant évident, estime le
directeur général Karim Nasrallah, la vente
à crédit étant très répandue, en particulier
sur les marchés émergents : les créances
Karim Nasrallah, directeur général de LCI.
clients peuvent représenter plus de la moitié
des actifs d’une entreprise non financière
classique. LCI propose de les assurer à
l’instar de tout autre actif immobilisé.
L’assurance-crédit accompagne aussi les
entreprises exportatrices sur des marchés
nouveaux qu’elles ne maîtrisent pas forcément.
La police s’avère alors un instrument
de gestion du risque, d’autant plus efficace
qu’elle est assortie de services connexes
tels que l’information commerciale et le
recouvrement de dettes. Elle remplace
donc de plus en plus les lettres de cré-
Atradius : 12 000 décisions
de crédit par jour
Né de la fusion entre Gerling Credit
Insurance Group et NCM, Atradius est
le deuxième assureur crédit dans le
monde avec un chiffre d’affaires de 1,3
milliard d’euros. Il représente 25 % du
marché et couvre des échanges mondiaux
pour plus de 300 milliards d’euros
par an. Atradius prend quelque
12 000 décisions de crédit par jour. Il
a accès à des informations sur 45 millions
d’entreprises à travers le monde. dit, qui ne sont plus usitées en Occident.
Enfin, de manière corollaire à la gestion
du risque, l’assurance-crédit contribue à
améliorer les conditions de financement
des entreprises dont les risques d’impayés
sont réduits.
UNE DOUZAINE DE CLIENTS
Si elle a vite grandi, LCI ne compte pour
l’instant pas plus d’une douzaine de
clients au Liban. Il s’agit surtout de grandes
entreprises comme Uniceramic ou Aces,
mais aussi de PME tournées vers l’exportation.
« Certaines entreprises de confection
au chiffre d’affaires annuel inférieur à deux
millions de dollars n’envisagent même plus
de croître, c’est-à-dire d’explorer de nouveaux
marchés, sans nous avoir préalablement
consultés », affirme Karim
Nasrallah. Pour les petits fournisseurs,
l’intérêt de se couvrir est d’autant plus
grand que leur dépendance à l’égard d’un
gros client est forte. Ces derniers ne sont
pas à l’abri de difficultés financières,
comme l’illustrent les faillites récentes de
sociétés de tailles non négligeables
(Kouyoumji, Ajax Aluminium Industries ou
Middle East Ceramica).
Il est vrai néanmoins qu’en deçà d’une certaine
taille, l’assurance-crédit s’avère
trop onéreuse. Elle coûte en moyenne 0,5
à 1,5 % du chiffre d’affaires. LCI ne vend
des polices qu’aux entreprises réalisant un
chiffre d’affaires de plus d’un million de dollars.
Elle estime à 30 000 les clients potentiels.
Un véritable chantier, sachant que le
processus de commercialisation peut durer
jusqu’à deux ans.
Pour les entreprises qui ne répondent
pas aux critères de taille, l’affacturage
se présente comme une alternative que
l’assureur s’apprête à proposer. Cette activité
consiste à apporter des liquidités à une
entreprise qui cède un portefeuille de
créances. Elle est un complément naturel
de l’assurance-crédit, car les sociétés d’affacturage
se couvrent généralement ellesmêmes
à travers ce type de polices. « Cette
formule de financement devrait connaître
un certain succès dans un environnement
où les petites entreprises peinent à récupérer
leurs créances », prévoit Karim
Nasrallah, qui compte aussi sur l’intérêt
des banques pour ce créneau. La HSBC a
déjà lancé des opérations internationales
d’affacturage aux Émirats arabes unis et en
négocie d’autres à Bahreïn et au Qatar. Elle
examine également l’opportunité de développer
cette activité en Égypte, au Liban et
en Arabie saoudite. L’Iran et la Turquie sont
aussi des marchés potentiellement porteurs,
estime LCI.
L’assureur envisage aussi d’autres stratégies
de diversification destinées à optimiser
son expertise en matière de gestion des
•• L’affacturage est
l’achat ferme de créances
par un “factor” qui garantit
l’entreprise contre les
risques d’impayés, facilite
la gestion du poste clients
et offre des liquidités
immédiates au lieu des
créances.
• L’assurance-crédit
couvre deux types de crédits
: à la consommation
(pour l’achat de voitures
par exemple) ou aux
entreprises. L’assurancecrédit
à la consommation
a connu un boom au
Liban avant de se dégonfler,
en raison de pertes
parfois très importantes.
La tendance mondiale est
d’ailleurs d’y renoncer, les
crédits aux particuliers
étant couverts par des
polices d’assurance-vie,
d’assurance-chômage ou
d’assurance couvrant les
biens financés. En
revanche, l’assurance-crédit
destinée aux entreprises
est en pleine croissance.
Elle les couvre
contre les risques d’impayés
liés à leur portefeuille
de créances à la
clientèle, que les débiteurs
opèrent sur le marché
local ou à l’étranger
(risque export).
L’assurance-crédit couvre
les risques commerciaux
ainsi que les risques politiques
qui prennent naissance
dès la livraison des
marchandises.
Types de polices :
- Whole Turnover Policy
couvre l’intégralité du
portefeuille des créances
client d’une entreprise.
- Key Buyers Policy protège
l’assuré contre un
groupe de clients prédéfinis.
- Excess Of Loss Policy
couvre l’assuré à partir
d’un certain seuil de
pertes cumulées.
- Pre-shipment Policy
couvre les pertes au cas
où le client fait faillite
avant la livraison de la
marchandise.
Définitions
risques et à exploiter les bases de données
auxquelles elle a accès sur des millions
d’entreprises à travers le monde. LCI pense
notamment créer des unités de recouvrement
de créances et de vente d’informations
commerciales pour en faire des
centres de profit indépendants. Bénéficiant
du support technique d’Atradius, LCI voudrait
aussi contribuer à la création d’un
service de couverture des risques d’investissements
étrangers des grandes entreprises,
pour le compte du gouvernement
libanais, à l’instar de ce que font Euler
Hermes ou la Coface. À plus long terme,
l’assureur envisage d’élargir son offre à la
caution légale et à la titrisation de
créances, ainsi que de s’exporter sur les
marchés du Golfe.
Cycle vertueux
Le développement de l’assurance-crédit
a potentiellement des effets vertueux
sur le cycle économique, grâce à la
protection qu’elle offre contre l’effet
domino des faillites et à son impact sur
les délais de paiements. Les retards
sont une véritable « culture » au Liban,
souligne Karim Nasrallah. Il cite
l’exemple de sociétés systématiquement
en retard au Liban, alors
qu’elles règlent leurs clients étrangers
rubis sur l’ongle pour soigner leur
réputation. The Lebanese Credit
Insurer souhaite donc un environnement
légal plus favorable à la croissance
de ce marché. La compagnie
estime en particulier que le seuil minimum
de capital requis (10 millions de
dollars) ne peut être le même pour
tous les assureurs, quel que soit leur
domaine d’activité. « Ce montant est
illogique par rapport à la taille de
notre segment de marché », explique
Karim Nasrallah.