Le patron d’Idarat au sommet de sa gloire, à la fin des années 1990. (Photo Géraldine Bruneel).
Malgré le sort malheureux
d’Idarat, il est indéniable que
Béchara Nammour a été un précurseur
dans le domaine de l’hôtellerie
et de la restauration au Liban et que sa
vision a permis au secteur de faire un
bond qualitatif. Mais peut-être est-il venu
trop tôt, faisant trop de publicité autour
de sa personne et de sa société.
Aujourd’hui, Idarat n’est plus qu’un souvenir,
et le tapage médiatique qui semblait
faire son succès au milieu des
années 1990 s’est mué en un silence
absolu de la part de son fondateur qui,
pourtant, demeure très dynamique dans
ce secteur. À l’étranger, il est partenaire
dans plusieurs restaurants et hôtels
(France, États-Unis). Au Liban, il est
encore – à travers sa femme – propriétaire
de l’hôtel Albergo, il reste partenaire
dans La Mie Dorée ainsi que dans la
chaîne de restaurants Paul et il développe
aussi des activités immobilières.
Idarat n’aura finalement été qu’un épisode
de la carrière de Béchara Nammour
qui, loin des feux de la rampe, s’est
refait une belle santé. L’homme est coutumier
des rebondissements. Né le 7
novembre 1946 à Saïda, il a commencé
son parcours dans l’agriculture, comme
ses parents. Plus tard, une maîtrise de
droit en poche, marié à Henriette Abela,
il émigre aux États-Unis, où il est nommé
vice-président d’Albert Abela Corporation
(oncle de sa femme). En 1984, il achète le
restaurant J. Paul’s de Paul J. Cohn à
Washington. Durant cette période,
Béchara Nammour élargit son réseau
professionnel et s’attaque à l’hôtellerie.
Il achète d’abord le Sheraton au Texas,
ensuite un deuxième hôtel à Denver,
puis un troisième à Atlanta qui lui aurait
fait perdre 10 millions de dollars en dix
ans. Il réussit à récupérer sa mise grâce
aux jeux Olympiques qui ont eu lieu dans
la ville en 1996. Ce n’est qu’au début
des années 1990 qu’il pénètre en force
le marché libanais à travers Idarat. En
six ans, il ouvre 24 restaurants.
L’ampleur de son endettement le
contraint à céder Idarat à la Banque de la
Méditerranée en 2003. Béchara Nammour a conservé l’enseigne à succès Paul.