Les hôtels sont parmi les premiers sinistrés, même si certains profitent ponctuellement de la situation.
À Beyrouth, le taux d’occupation des
hôtels était de 100 % avant la fatidique
opération du Hezbollah, le 12
juillet. Le soir même, il était en chute libre.
La présence de journalistes internationaux
contribue à peine à maintenir un peu d’activité.
Les hôtels Marriott, Radisson
Martinez, Monroe et Vendôme sont en
pleine crise. L’hôtel Marriott était occupé à
90 % et réservé à 100 %. Tout a été annulé
du jour au lendemain. Il n’a conservé
que 20 % de ses clients dans les premiers
jours de l’offensive israélienne. Au Palm
Beach, à Aïn el-Mreisseh, la presse étrangère
occupe une trentaine de chambres.
Partout, mariages et conférences sont soit
annulés, soit reportés. Personne ne se
risque à estimer les pertes, jugées parti-
Nom de l’hôtel Région Taux d’occupation Taux observé durant la semaine
avant l’offensive du 13 au 20 juillet
Marriott Jnah 90% 20%
Monroe Aïn el-Mreisseh 100% 15%
Radisson Martinez Aïn el-Mreisseh 100% 40%
Le Vendôme Aïn el-Mreisseh 86% 19%
Acropolis Kaslik 60% 0 %
Le Royal Dbayeh 80% 70-80%
Bzoummar Palace Bzoummar 100% 15%
Grand Hills Broummana 60% 70%
Al-Bustan Beit-Méry 85% 85%
Saint Rock Laqlouq 40% 90-95%
Colibri Baabdate 35% 100%
Monte Bello Ajaltoun 100% 100%
Printania Palace Broummana 20% 70%
Bellevue Palace Broummana 70% 100%
Grand Hôtel Naas Bickfaya 20% 100% culièrement importantes. Incapables
d’avoir imaginé un tel scénario, les hôteliers
sont contraints de donner congé à
leurs employés en pleine saison.
Dans le Metn, les établissements hôteliers
tirent leur épingle du jeu, contre toute attente.
Le Grand Hills Village, à Broummana,
n’était réservé qu’à 60 % avant la crise et le
Printania Hotel à 20 % seulement, ils sont
désormais occupés à 70 %. Le Colibri de
Baabdate est, quant à lui, complet. Les touristes
sont partis, ils ont été remplacés par
des Libanais, surtout des Beyrouthins.
Au Grand Hills, les petites salles de conférences
se transforment en bureaux recevant
les sociétés qui ont quitté leurs
locaux situés dans les régions plus dangereuses
et, surtout, les compagnies pharmaceutiques
qui ne peuvent pas arrêter
leurs activités en cette période de guerre.
Comme au Printania les mariages y ont été
maintenus pendant les premiers jours,
ceux prévus à la fin du mois ont été annulés
ou reportés. Les pertes sur ce créneau
sont donc nettement moindres qu’à
Beyrouth. De même, les hôtels de montagne
ne souffrent pas de l’absentéisme
des employés qui résident généralement à
proximité de leur lieu de travail. Au Grand
Hills par exemple, sept employés seulement
sur 300 manquent à l’appel.
L’effervescence ne cache pourtant pas le pessimisme
des hôteliers de la région qui savent
cette clientèle circonstancielle. Les Libanais,
qui ont fui leurs régions non sécurisées, vivent
au jour le jour, la durée de leur réservation
dépendra de celle de la guerre.
Le Kesrouan connaît aussi un répit, mais
encore moins durable qu’au Metn. L’hôtel
Bzoummar Palace, à Bzoummar, qui avait
investi cette année 3,8 millions de dollars
pour des travaux d’agrandissement,
comptait sur une clientèle essentiellement
arabe du Golfe. Il était réservé à 100 %
pour juillet et août. Tous ont annulé.
L’établissement connaît des pics d’occupation
ponctuels, jusqu’à 40 à 60 %, des
chambres étant occupées pour une nuit
par les étrangers ou les Libanais fuyant le
pays à travers la frontière syrienne. À l’hôtel
Acropolis, c’est le même scénario,
occupé à 100 % pendant quelques jours,
il est à nouveau vide. Là aussi, les annulations
de réceptions et de mariages vont
lourdement grever les comptes. Un dernier
mariage a eu lieu samedi 15 juillet à
Bzoummar Palace. Deux Français s’y sont
unis entourés de leurs familles, étrangères
elles aussi, avant que tous ne quittent le pays
juste après la réception. À l’hôtel Acropolis,
dimanche 16 juillet, seulement 80 invités sur
300 ont assisté au dernier mariage, l’hôtel
souffrant de sa proximité avec le port de
Jounieh et la centrale électrique de Zouk.
Quant à l’hôtel Le Royal à Dbayeh, il
regorge aussi de clients après avoir enregistré
une vague d’annulations. Il bénéficie
de sa situation géographique, près de
l’ambassade des États-Unis à Aoukar
considérée comme une zone sécurisée, et son
taux d’occupation est repassé à 70-80 % après
être tombé à 50 %. Presque toutes les missions
des Nations unies et d’autres étrangers
l’ont investi. Car il a aussi l’avantage de la
proximité avec La Marina de Dbayeh, lieu
d’évacuation de certains ressortissants
étrangers. Comme partout, mariages et
conférences ont été annulés. S’il n’avait
bénéficié d’un sursis, l’hôtel aurait perdu
plus d’un million de dollars.