Le Detlog, détachement logistique du
contingent français de la Finul chargé de
l’accueil des troupes, estime avoir dépensé
près de 700 000 dollars en deux mois, dont
157 000 dollars de gazole. Un chiffre d’affaires
intéressant du point de vue des différents fournisseurs
libanais des militaires français, même
si ces ventes sont temporaires. Un autre détachement
logistique s’occupe d’accommoder
les troupes dès qu’elles ont franchi le Litani.
Ensuite, ce sera à l’ONU de prendre en charge
directement toutes les dépenses logistiques
dans un délai de six mois, suivant l’arrivée des
troupes sur leur théâtre d’opérations. Au total,
le budget de fonctionnement du contingent
français est estimé à un million de dollars environ.
Le Detlog a ainsi encadré l’arrivée de
1 500 Casques bleus français, mais aussi de
militaires d’autres nationalités qui ont eu
recours à ces services.
Des fournitures de bureau aux voitures de location
destinées aux “harpons” (soldats précurseurs
arrivés par avion), en passant par les téléphones
portables, les produits d’entretien ou les
viennoiseries, les besoins sont nombreux,
explique le lieutenant-colonel Éric Carrey.
Contrairement à l’armée américaine qui soustraite
tout son approvisionnement à de grands
groupes tel Halliburton, l’armée française
contracte de préférence avec des entreprises
des pays où elle se rend, pour autant que les
fonctionnalités souhaitées existent, précise-t-il.
À défaut, elle a recours à l’Économat des
armées, une société créée en 2004.
Pour le Detlog, les deux principaux postes de
dépenses sont l’hébergement et la nourriture.
Des contrats ont été signés avec le Biel pour
l’un et Sofil Catering pour l’autre. « Pendant les
quinze premiers jours, nous avons vécu sur
nos rations, ensuite nous avons mis en place
les approvisionnements nécessaires surtout
pour les produits frais. » Le lieutenant-colonel
Carrey a préféré ne pas en révéler le montant
exact, se contentant de dire que le coût unitaire
de l’hébergement est en moyenne de 20
Ci-dessus, le lieutenant-colonel Éric Carrey
gère l’accueil des troupes dans le centre Biel.
Ci-contre, une des machines à laver
qui accompagnent le contigent français.
dollars par soldat. Un prix qui comprend le
logement proprement dit, mais aussi la climatisation
ou l’électricité par exemple. Le montant
des dépenses varie en fait selon l’affluence
: « Nous représentons ici une zone de
regroupement et d’attente, le Biel sert de point
d’entrée du théâtre des opérations. » Certains
jours, l’espace des expositions a compté plus
de 1 300 Casques bleus attendant l’ordre de
déploiement, d’autres jours, il n’accueille que
les militaires qui organisent le processus de
mise en place de la Finul, soit 250 hommes.
En moyenne, 400 militaires étaient présents
quotidiennement sur le site. En ce qui concerne
les frais de nourriture, ils sont de 12 dollars
par jour par soldat. Soit un budget minimum de
140 000 dollars par mois pour le traiteur.
Le détachement logistique dispose même
d’une certaine marge de manoeuvre pour passer
des contrats. La notion des codes de marchés
publique trouve sa limite dans l’extrater ritorialité, explique le lieutenant-colonel Carrey.
« L’armée bénéficie d’une gestion financière
dérogatoire, car les conditions de lancement
d’appels d’offres ne sont pas toujours adaptées
aux conditions du terrain. Un texte nous invite
toutefois à nous rapprocher des normes en
vigueur, ce que nous faisons. »
Par exemple, dans le cadre de sa mission d’accueil,
le Detlog s’est chargé de la peinture en
blanc des véhicules militaires accompagnant les
Casques bleus (d’autres détachements, notamment
les Italiens, ont préféré ne pas repeindre
leurs véhicules). Le contingent français était par
exemple équipé de treize chars Leclerc, d’environ
300 véhicules lourds et 500 véhicules d’accompagnement
qu’il a fallu repeindre en blanc.
« Nous avons procédé à l’achat du matériel –
une peinture spéciale qu’on ne trouve pas sur
le marché – puis demandé à deux concessionnaires
locaux, Nissan et Peugeot, d’effectuer
le travail. Pour les blindés lourds qui
ne pouvaient être déplacés, des cabines de
peinture ont été installées spécialement pendant
trois jours sur un quai du port de
Beyrouth. » Retombées de l’opération pour les
entreprises libanaises : 300 000 dollars.
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