Michel Saidah vient de fêter les 10 ans de l’une des enseignes pionnières de la rue Monnot, le Pacifico.
C’est en mars 1997 qu’il a décidé, avec son associé Camille Chahwan, de s’installer à Beyrouth après avoir développé le restaurant-bar cubain Habana à Jounié en 1994 (un investissement de 130 000 dollars qui l’avait convaincu de rentrer d’Allemagne, à l’âge de 28 ans, et qu’ils amortissent en huit mois).
Le choix de l’emplacement du Pacifico, dans une impasse occupée par des imprimeurs, est dicté par la présence d’un parking, dans un quartier encore vierge du point de vue de la restauration. L’investissement de 180 000 dollars est rentabilisé en un an. C’est Saidah lui-même qui décore les lieux, avec l’idée d’offrir un cadre mexicain « pour que la clientèle y prenne de petites vacances ».
En sortant un matin du Pacifico, il a l’idée d’investir une ancienne imprimerie située juste en face. Le local deviendra le Lila Braun, l’été 2002, ambiance années 1950. Les 250 000 dollars mis sur la table sont rentabilisés en deux ans.
Ces succès consécutifs le poussent à tenter sa chance ailleurs, dans un autre quartier : Gemmayzé, là où il habite.
Ce sera le Dragon Fly, inauguré en mars 2004 dans un ancien entrepôt frigorifique. Coût : 230 000 dollars. Comme lors des précédentes aventures, il amortit son investissement en deux ans.
La collaboration entre les deux associés fonctionne. Michel Saidah s’occupe de la déco, de la conception et des drinks, tandis que Camille Chehwan se consacre à la gestion financière et administrative, ainsi que de la cuisine.
Le tandem – des amis de 25 ans qui sont tous deux nés de mères allemandes – croit au potentiel de Gemmayzé, même si la rue vit le même scénario que Monnot, il y a deux ans, c’est-à-dire un succès trop grand qui en fait un lieu de promenade et de passage au lieu d’un espace de consommation fidélisant une bonne clientèle. Michel Saidah qui a 41 ans n’a pourtant pas l’intention a priori d’élargir encore sa palette d’enseignes, à moins peut-être de dupliquer le Habana à Beyrouth.
La situation actuelle n’est en effet pas porteuse : le groupe affiche une baisse de chiffre d’affaires de 30 % en moyenne et souhaite consolider ses acquis plutôt que de se développer à tout prix.
Le Lila Braun est le plus affecté par la décrue du quartier, mais le Pacifico reste le premier à se remplir, le trop-plein de sa clientèle se déversant ensuite vers les bars adjacents de l’impasse.
Les deux actionnaires n’ont pas envie d’aventure d’autant qu’ils gèrent tout en direct, avec l’aide de quatre managers (un par enseigne). Ils n’ont recours ni à une centrale d’achats ni à une société de gestion.
Le secret de leur réussite ? L’ambiance, répond Michel Saidah. Il faut dire que le Pacifico a fait école, le concept ayant largement inspiré la concurrence.