La disparition de Son Excellence Pierre Pharaon crée soudainement un vide qui ne sera jamais comblé.

De mes années d’étroite collaboration avec Pierre Pharaon, j’ai appris à découvrir un homme franc et intègre, redoutable en affaires, mais avant tout un homme de foi et de principes. Homme d’écoute et d’attention, il a surpris plus d’une personne par son humanisme et sa générosité qu’il n’a d’ailleurs jamais affichée en public, mais ses actes continueront longtemps à parler de lui.

Menant sa vie jusqu’à la dernière minute à une vitesse époustouflante, que même nous, les jeunes, envions, il n’a jamais négligé son devoir familial envers la société. Député au début des années 70 malgré ses multiples occupations professionnelles réussies, il est en 1975 un des pionniers de la conquête des marchés des pays arabes et de l’Europe. Mais dès le rétablissement de la paix, il ne tarde pas une minute à se refocaliser sur son pays. Multipliant les investissements et les projets, il repositionne rapidement le Groupe Pharaon sur la carte économique libanaise.

Ceci ne l’empêche pas de reprendre sa mission patriotique en devenant ministre de l’Environnement dans le gouvernement Hariri de 1995, où, à la surprise générale, il laissera tomber toutes ses occupations professionnelles privées pour se dévouer entièrement à un des postes le plus difficile de la République libanaise. Très impatient de nature, travailleur et foncièrement honnête, il aura du mal à s’adapter à la dure réalité politique libanaise et gardera un goût amer de ce mandat.

Chaleureux, exigeant, mais toujours proche de ses collaborateurs, il gravera dans ma mémoire cette parole pleine d’émotion : «Si j’avais quelques années de moins, je ne vous aurai jamais laissé penser me quitter». Intense et nerveux, Pierre Pharaon, PDG ou ministre, ne laissait pas un instant de répit à ses collaborateurs. Mais le travail avec lui était un plaisir et une expérience rare dont je garderai toujours la nostalgie.

Humblement, je présente mes condoléances à la famille de ce grand Homme et à la nation entière qui vient de perdre une de ses figures emblématiques.