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Fadi Saba est le premier restaurateur libanais à avoir eu l’idée simple de reproduire dans un restaurant la cuisine familiale à laquelle les Libanais ont de moins en moins de temps à consacrer. La Tabkha est née de l’imagination de ce trentenaire, diplômé de gestion de l’USJ, qui « commençait à souffrir des conteneurs de popote s’échangeant quotidiennement entre ma cuisine, celles de ma mère et de ma belle-mère » et qui percevait auprès de ses amis « le besoin d’une cantine purement libanaise bien plus saine que les sandwichs et les fast-foods ».
L’investissement initial dans le premier restaurant La Tabkha, à Gemmayzé en 2003, est inférieur à 200 000 dollars. Avec un ticket moyen de 11 dollars TTC sur place et de neuf dollars en livraison, le succès a été immédiat. « Aujourd’hui, notre rentabilité est un peu affectée par la flambée des prix des matières premières que nous ne pouvons pas répercuter sur nos tarifs. Elle fluctue entre 10 et 16 %, alors qu’elle avoisinait les 20 % au démarrage. »
Initialement ouvert le midi seulement, La Tabkha a ensuite profité du boom de Gemmayzé la nuit pour se transformer en petit bistro de quartier offrant « les plats (principalement des grillades) que nous avons aussi l’habitude de concocter rapidement le soir, dans nos maisons libanaises… ».
« Mon rôle a été de penser le concept, mais pour la mise en œuvre, je me suis associé à Nassim Rami, qui est issu d’une famille de professionnels de la cuisine libanaise (Sultan Brahim, etc.) », explique Fadi Saba. Aujourd’hui, le PDG de la société se consacre surtout au marketing et au développement de la marque, sachant que le bail de Gemmayzé court encore pour huit ans.
Après avoir ouvert cette année deux franchises locales de La Tabkha, à Jal el-Dib (en livraison uniquement, pour un investissement de 40 000 dollars) et à Hamra (200 000 dollars), il se tourne désormais vers l’international.
« Nous devrions incessamment signer un contrat de franchise couvrant six pays dans le Golfe, l’Afrique du Nord et l’Europe. Nous avons aussi accordé une franchise pour le Koweït, qui attend l’emplacement idéal pour s’ouvrir au public. »
La Tabkha n’est pas le premier restaurant de Fadi Saba. Il est venu à la restauration en partant d’un constat : « En travaillant dans les télécoms de 1994 à fin 1996, je me suis rendu compte que le plus dur au Liban n’est pas de créer du chiffre d’affaires, mais d’encaisser les factures. J’ai donc décidé de me tourner vers un métier qui ne repose pas sur les créances. » Son goût pour la réception et les ambiances insolites le pousse alors, en 1997, à créer un bar-restaurant, Le Zinc. « J’ignorais totalement les rouages du métier, ce qui m’a coûté une rafale de gifles pendant les deux premières années. » L’investissement de 600 000 dollars est tout de même amorti en vingt mois et, fort de cette première expérience, Saba ouvre La Centrale en 2001, La Tabkha fin 2003 et La Suite à l’Océana en 2004.
Le Zinc qui souffle ses 10 bougies s’est offert un beau lifting il y a un peu moins d’un an pour 150 000 dollars. L’enseigne est devenue un classique au Liban : malgré l’ouverture de centaines d’enseignes sur le même créneau, elle se positionne toujours dans le peloton de tête.