Au Liban, comme dans le monde, le marché des écrans plats est en pleine croissance. Les parts de marché sont disputées à coup d’innovations technologiques.
Au Liban comme ailleurs, le marché des écrans plats est en pleine ébullition. D’après le cabinet d’étude Display Search, les ventes mondiales ont bondi de 28 % au premier semestre 2007. Avec une croissance annuelle de 35 %, le pays du Cèdre suit de près cette évolution. Les deux principales raisons de cette croissance sont claires : la chute considérable des prix d’abord, les innovations technologiques ensuite. Aujourd’hui, la bataille-clé se joue entre LCD et plasma, les deux grandes technologies en fonction desquelles sont fabriquées les dalles (qui représentent le tiers de la valeur des écrans). La tendance mondiale avantage nettement la première dont les ventes cette année sont quatre fois supérieures à celles de la seconde, sans compter que le chiffre d’affaires généré par les téléviseurs LCD augmente beaucoup plus vite que celui du plasma.
Le Liban à cet égard ne fait pas exception. Quand les premiers écrans plats y apparaissent en 2002, le plasma représente 80 % des ventes. « L’équilibre, depuis, a changé. Il devrait s’inverser d’ici à trois ou quatre ans », prédit Toufik Bassil, directeur marketing chez Homeline.
Comment expliquer un tel renversement ? D’abord, la production de dalles LCD s’est considérablement accrue depuis la fin des années 1990. De grands noms du secteur comme Samsung, LG ou Sony ont investi des milliards de dollars dans cette technologie, tout en cherchant à réaliser des économies d’échelle. LG et Philips ont ainsi conclu en 2001 une alliance inédite (dénouée ensuite), suivis par Sony et Samsung trois ans plus tard. De nouveaux complexes industriels consacrés à l’innovation de la technologie LCD ont dès lors fleuri ces dernières années en Corée du Sud et au Japon. « Ces stratégies ont permis aux fabricants de réduire leur coût de production tout en produisant plus », explique Toufik Bassil. Le LCD domine ainsi très largement le marché des petits formats où il réalise 80 % des ventes. Les fabricants de LCD ont également beaucoup progressé en matière de recherche-développement, un atout-clé dans la bataille qui les oppose au plasma. L’écart de prix avec les produits plasma s’est ainsi considérablement réduit. À en croire Toufik Bassil, « les clients qui veulent des écrans 42 pouces choisissent des LCD ».
Mais malgré cette irrésistible ascension, les téléviseurs plasma représentent encore un quart du marché. Et pour cause, il conserve un avantage non négligeable dans le segment des plus de 40 pouces, notamment grâce à une meilleure qualité d’images, de contraste et de luminosité. C’est pour ces raisons que Panasonic, leader incontesté dans le secteur des écrans plasma avec 33 % de part de marché, a décidé d’investir massivement dans cette technologie. L’entreprise s’apprête à dépenser 12 milliards d’euros dans la construction d’une nouvelle usine près d’Osaka. Pariant sur son avantage comparatif en terme de taille, elle a d’ailleurs déjà mis au point une dalle de 103 pouces. D’après Loutfallah Haddad, agent de Panasonic au Liban, « une étude américaine récente révèle que 99 % des clients qui ont acheté un écran plat regrettent de ne pas avoir choisi un format plus grand ». Seulement, les fabricants de LCD commencent également à miser sur les écrans géants. LG Philips a ainsi développé des dalles de 1,95 mètre sur 2,25 mètres et Sharp a récemment mis au point un écran LCD de 106 pouces, pas encore commercialisé.
Cette bataille entre fabricants fait le bonheur des consommateurs, séduits par des produits toujours plus innovants et de moins en moins chers. Ils sont moins de 20 % seulement à être équipés d’écrans plats au Liban. Une aubaine pour les distributeurs qui compensent la baisse du prix des produits par la quantité des ventes. Chez Homeline, les écrans plats représentent 25 % du chiffre d’affaires annuel et le montant triple d’une année sur l’autre. À titre prévisionnel, il devrait ainsi se vendre 30 millions d’écrans plasma et 100 millions de LCD dans le monde, en 2010. « C’est une révolution comparable à ce qu’a pu être le passage du noir et blanc à la couleur », s’enthousiasme Toufik Bassil. De fait, un écran plat de 46 pouces coûte aujourd’hui le même prix qu’un téléviseur à tube cathodique 32 pouces, il y a dix ans, et il pèse 25 kg au lieu de 100. Le design est également devenu un critère essentiel dans l’acte d’achat. Comme l’explique Toufik Bassil, « un téléviseur aujourd’hui fait partie du décor d’un intérieur. C’est un bel objet et non plus quelque chose d’encombrant que l’on cache. Les fabricants l’ont compris et misent dessus ». Définitions La dalle : c’est l’écran proprement dit. Elle est constituée de deux plaques de verre enserrant la plaque de pixels. La dalle, la connectique et le boîtier composent le téléviseur.
Plasma : chaque pixel contient un gaz qui s’illumine grâce à des impulsions électriques.
LCD (liquid crystal display) : les cristaux liquides qui forment les pixels sont rétro-éclairés par le côté de la dalle. La technologie OLED Sony a présenté dernièrement la première télévision au monde utilisant la technologie Oled avec un écran de 11 inches et une épaisseur de 3 mm qui devrait être commercialisée avant la fin de l’année.
La technologie Oled (Organic light-emitting diode) a été brevetée en 1987 par Kodak et était utilisée jusqu’à présent pour les petits écrans (portables, baladeurs...). Si ses avantages sont nombreux (meilleure image, faible consommation d’électricité et un écran très fin), l’Oled a encore besoin de perfectionnements pour être appliqué sur des écrans plus grands. Les fabricants en tout cas s’y attellent et cela serait possible en 2009.