L’offre de loisirs est variée au Liban, mais les parcs d’attractions ouverts au grand public sont relativement peu nombreux par rapport à la demande potentielle qui se chiffre à plus de 250 000 enfants dans la zone du Grand Beyrouth.
Il faut dire que les investissements sont lourds et le respect de normes de sécurité en mesure de rassurer les parents coûte cher. Le foncier est aussi un obstacle majeur : difficile de consacrer des milliers de mètres carrés à des espaces de loisirs dans une zone urbaine aussi dense où la promotion immobilière est souvent rentable. Pourtant, outre l’existence d’une demande, le secteur bénéficie d’un avantage indéniable : le climat libanais qui permet d’accueillir les enfants tout au long de l’année ou presque.
Quelques parcs et aires de jeux ont malgré tout émergé depuis la fin des années 1990. Ces deux catégories sont distinctes. Les parcs comprennent des attractions sophistiquées fonctionnant à l’électricité dont l’entretien est permanent, alors que les aires de jeux offrent des équipements simples ne nécessitant pas de service régulier.
Les deux se distinguent des clubs privés par le fait que l’accès ne dépend pas d’un abonnement annuel. Mais chacun a son approche tarifaire : les uns imposent un droit d’entrée, les autres facturent les activités. Dans tous les cas, les consommations et la restauration dans l’enceinte de l’espace de loisirs sont une source de revenus.
Le plus grand parc du Liban est sans conteste le Habtoorland qui a coûté plus de cent millions de dollars à son propriétaire émirati. L’échec relatif du projet (affecté par la crise du tourisme) n’a pas encouragé d’autres investisseurs à se lancer sur le créneau des grands parcs à thèmes. En revanche, plusieurs projets de taille petite et moyenne se sont développés autour de la capitale sur des axes routiers stratégiques. L’un des derniers en date est le Greenfields à Dbayé, exploité sur un terrain appartenant au wakf.
Dans la montagne libanaise et plus particulièrement sur les lieux d’estivage, des parcs de petite taille voient le jour selon les besoins, mais ils restent marginaux et parfois peu recommandables. Tous les ans, des incidents ont lieu.
L’État et les municipalités sont les véritables absents de ce secteur : d’une part, les contrôles sont laissés à la discrétion des exploitants, d’autre part, ils proposent très peu d’espaces de loisirs publics à la portée des catégories sociales les moins aisées. Certaines aires de jeux ont été équipées, mais aucun budget n’a été alloué à l’entretien.
Habtoor Land
Adresse : Jamhour
Investissement : 110 millions de dollars
Terrain : propriété de Khalaf Habtoor
Tarif d’entrée : 12 dollars par adulte et 7 dollars par enfant donnant accès à l’ensemble des équipements
Chiffre d’affaires : NC
Habtoor Land est le plus grand parc d’attractions du Liban. Le terrain situé dans la région de Jamhour couvre 107 000 mètres carrés. Le projet a été lancé en 2004 par l’homme d’affaires émirati Khalaf Habtoor qui a parallèlement investi dans un hôtel et un centre commercial à Sin el-Fil. L’investisseur qui possède le parc d’attractions à 100 % a embauché 450 personnes à l’ouverture. Le projet a coûté 10 millions de dollars. Le premier été, en 2005, la clientèle a été au rendez-vous, mais les deux étés qui ont suivi ont été beaucoup moins bons en raison de la guerre de 2006 et de la bataille de Nahr el-Bared cette année.
Depuis cet été, le parc a réduit son droit d’entrée de moitié dont il dispense totalement ceux qui désirent uniquement se restaurer. Les tarifs sont passés de 25 à 12 dollars par adulte et de 15 à 7 dollars pour les moins d’un mètre quarante. Les prix des restaurants ont baissé de 20 %. Le parc n’ouvre plus que les vendredis, samedis et dimanches, et n’embauche plus que 150 personnes à temps plein.
Cette année, seule la fête du Fitr a réussi à attirer 10 000 personnes en quatre jours. La directrice Rita Massaad souhaite donc renforcer un autre créneau de clientèle : les entreprises désireuses d’organiser des fêtes ou de lancer des produits. Elle mise pour cela sur le restaurant Urjuwan qui peut accueillir 800 convives. En quelques mois, le restaurant assure une grosse part du chiffre d’affaires, alors que le projet initial tablait sur la capacité d’attraction des 30 jeux importés d’Allemagne.
Yuppie Parc
Adresse : Chiah
Investissement : 350 000 dollars
Terrain : 8 500 m2, appartenant aux frères Hobeika
Tarif d’entrée : 5 000 LL/enfant, 2 000 LL/adulte comprenant une boisson
Chiffre d’affaires : NC
Armand Hobeika a eu l’idée du Yuppie Parc à Paris, lorsqu’il emmenait son fils au Jardin du Luxembourg. L’aire consacrée aux enfants est une concession qui offre une multitude de jeux mécaniques. Le concept d’un parc nécessitant peu d’entretien, mais un investissement initial important pour l’achat des équipements, a tout de suite plu à Armand Hobeika, aucun espace de ce type n’existant au Liban.
Il y voit l’opportunité d’exploiter un terrain de 8 500 m2 dont il a cohérité avec son frère, sur la route de Chiah à la jonction entre Hazmié et Achrafié par la nouvelle autoroute et Beyrouth-Ouest. À la suite d’une étude de marché sur le secteur des loisirs, il choisit l’équipementier finlandais Lappset qui a développé une large gamme de jeux en bois intelligents et résistants aux intempéries, dont il devient aussi le représentant au Liban. Ingénieur de formation, Hobeika réfléchit aux systèmes de sécurité en se concentrant sur les moindres détails comme la qualité du sable.
L’investissement initial est de 350 000 dollars, dont 100 000 pour les espaces verts. Inauguré en 1996, le Yuppie Parc fonctionne en temps normal avec une dizaine d’employés. Le week-end et en haute saison ses effectifs doublent. La plupart sont des étudiants, à part les deux gardiens qui se relayaient 24 heures/24. La sécurité est un poste budgétaire important qui ne cesse d’augmenter depuis trois ans à 15 000 dollars par an (pour deux gardiens qui se relaient 24 heures/24) sur un budget total ne dépassant pas les 120 000 dollars (taxes municipales, salaires, impôts et entretien des jeux et des espaces verts).
L’activité a été rentabilisée en trois ans et, depuis, les années se suivent et ne se ressemblent pas. Le meilleur exercice est sans nul doute 2002, car le mois de février a été particulièrement doux. La crise n’affecte pas spécialement Hobeika dont les frais de fonctionnement ne sont par exemple pas affectés par la hausse des prix de l’énergie : l’éclairage du parc ne commence qu’à 17h00 et sa consommation de courant sert surtout à alimenter les frigos du snack.
Il a surtout choisi dès le départ un tarif d’entrée accessible donnant accès à tous les jeux. À 5 000 livres par enfant et 2 000 livres par adulte comprenant une boisson, une famille de cinq personnes débourse 19 000 livres pour une journée complète, soit moins de 13 dollars. Le snack permet aux familles de se restaurer simplement et à un coût étudié.
Le parc jouit d’un parking privé d’environ 100 voitures, ce qui en facilite l’accès.
En 2008, si tout va bien, Armand Hobeika espère accueillir 70 000 enfants et atteindre un chiffre d’affaires de 500 000 dollars.
En parallèle, il continue de prospecter des clients pour vendre et monter les jeux Lappset.
Après la guerre de l’été 2006, il a équipé deux nouveaux parcs financés par l’ONG Mercy Corps, pour un montant total de 170 000 dollars à Nabatiyé et à Ras el-Aïn, à Baalbeck dans la Békaa. Plusieurs écoles ont aussi répondu à l’appel dont l’ACS, l’IC ou le Lycée Abdel Kader, mais Hobeika espère remporter le contrat d’équipement de l’aire de jeux de la Forêt des Pins financé par la municipalité de Beyrouth qui représenterait une vitrine importante pour lui.
Dream Park
Adresse : Zouk Mosbeh
Investissement : 6 millions de dollars
Terrain : propriété du wakf maronite, loyer NC
Tarif d’entrée : pas de droit d’entrée, mais tarif minimum de 1 000 LL par jeu
Chiffre d’affaires : NC
Dans la montée de Faraya, à Zouk Mosbeh, Dream Park abrite quelque 21 jeux pour enfants et adolescents sur une surface de 15 000 mètres carrés. L’entreprise familiale des Abou Rahal loue l’emplacement depuis 1994 à l’église maronite à un prix resté confidentiel. Le choix du lieu s’est fait en fonction du trafic qui y est dense en fin de semaine et la visibilité importante. Les attractions importées d’Europe aux normes internationales ont coûté trois millions de dollars, mais l’investissement total est double, entièrement financé par la famille Abou Rahal.
L’investissement a d’ores et déjà été rentabilisé, car les premières années ont été très lucratives, avec une fréquentation de 200 000 visiteurs et un chiffre d’affaires de 600 000 dollars.
Les deux dernières années ont été plus difficiles car le coût de fonctionnement du parc avoisine les 400 000 dollars, loyer compris, dont 30 000 dollars l’été pour les générateurs d’électricité et 10 000 dollars pour renforcer la sécurité.
Les Abou Rahal espèrent que l’accalmie politique leur sera profitable, même si l’été 2007 a été bon grâce à la fidélité des émigrés libanais.
Le parc compte davantage sur le bouche-à-oreille et les beaux jours pour attirer la clientèle que sur la publicité à laquelle il n’affecte que 10 000 dollars par an. Sa spécificité est de viser aussi les adolescents à travers des jeux à sensations fortes, comme le “Skydrop”. L’absence de droit d’entrée encourage ces jeunes à venir en groupe dans le parc pour y déjeuner à un prix d’environ 5 000 LL par personne.
Dream Park emploie un minimum de dix personnes, mais les effectifs peuvent aller jusqu’à 60 saisonniers, durant la fête du Fitr, considérée comme la période la plus intéressante de l’année.
Putt Putt/Splash Mountain
Adresse : Mansourié
Investissement : NC
Terrain : propriété privée
Tarif d’entrée : 1 ticket + repas enfant à 13 000 LL ; 1 ticket à 10 000 LL
Chiffre d’affaires : NC
Situés sur l’axe Beyrouth-Broummana, un lieu de villégiature très prisé, les parcs Putt Putt et Splash Mountain appartiennent tous deux à la société RMC, propriété de Badri Gheith. Inaugurés en 1997, ils occupent 22 000 mètres carrés sur des terrains loués pour un prix non communiqué.
RMC emploie un minimum de 50 personnes pour gérer et entretenir ses deux parcs pour lesquels il avait l’habitude de dépenser 100 000 dollars de publicité par an. Un budget réduit de moitié en raison de la crise actuelle qui s’est traduite par une baisse de fréquentation. Celle-ci est de 80 enfants en moyenne par jour en temps normal, soit près de 29 000 par an. Pour compenser les aléas de la conjoncture, RMC mise sur une collaboration régulière avec les scouts, les camps de vacances et les comités d’entreprise à qui elle offre des tarifs préférentiels.
Greenfields
Adresse : Dbayé
Investissement : 850 000 dollars
Terrain : propriété privée du wakf maronite, loué sur 10 ans à 20 000 dollars par an
Tarif d’entrée : 5 000 livres par enfant comprenant l’accès au parc
Chiffre d’affaires : environ 360 000 dollars en 2007
Date de début d’activité : mars 2007
Le projet Greenfields est né de l’idée de trois actionnaires qui avaient l’habitude d’emmener leurs enfants dans des clubs privés sans y trouver leur bonheur. L’ancien basketteur de La Sagesse, Élie Fawaz, et ses deux associés ont cherché à ouvrir un espace privé accessible à tous, sans droit d’adhésion préalable.
Le terrain situé derrière l’hôtel Le Royal à Dbayé s’étend sur 10 000 mètres carrés. Il abrite un parc de loisirs pour enfants qui a coûté 30 000 en équipements, un restaurant de 200 couverts et une salle de gymnastique. L’investissement total est de 850 000 dollars. Inaugurée en mars 2007, l’aire de jeux ouverte tous les jours de 10h00 à minuit est déjà un succès. Sa formule consiste à donner un accès à tous les équipements en plein air, moyennant un ticket d’entrée de 5 000 livres. En revanche, les trois terrains de basket-ball et deux terrains de football sont loués à l’heure : 40 000 livres pour les premiers et 75 000 livres pour les seconds.
Le parc est entièrement couvert de gazon naturel, ce qui implique un coût d’entretien élevé. Les charges de maintenance sont de 2 500 dollars par mois et les taxes municipales d’environ 20 000 dollars par an. Greenfields emploie 25 personnes en permanence pour des charges salariales s’élevant à 14 000 dollars par mois.
Dans le projet initial, une piscine et deux terrains de tennis étaient prévus. Cet investissement de 300 000 dollars n’a pas été réalisé dans l’attente de l’amélioration de la situation politique. Un budget publicitaire de 40 000 dollars était prévu en 2007 pour des spots à la télévision, mais il a été revu à la baisse et en 2008 Greenfields n’allouera que 20 000 dollars pour une campagne radio et de presse.
« Si tout va bien, notre chiffre d’affaires atteindra les 500 000 dollars dès 2008 », dit Élie Fawaz.
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