À bientôt 38 ans, Haïfa Wehbé a bâti un véritable petit empire allant de la chanson bien sûr à ses juteux contrats publicitaires et à sa marque de bijoux. Portrait sonnant et trébuchant de l’ex-Miss Sud-Liban.

Haïfa Wehbé n’est pas une simple chanteuse, c’est une femme d’affaires. Elle est partout : son visage s’affiche dans les magazines et sur les panneaux d’affichage, ses bijoux se vendent comme des petits pains, la simple évocation de son nom assure un succès inoubliable à la moindre fête privée, sa présence est requise dans les plus grosses campagnes publicitaires régionales, ses clips sont attendus comme un film hollywoodien, elle est omniprésente sur le petit écran et elle sera bientôt sur le grand, avec le film produit par Pepsi, point d’orgue de la campagne “Bahr al-noujoum” (Sea of Stars).
Dans la vie professionnelle de Haïfa Wehbé, il y a un “avant” et un “après”-2005, date de son départ de la maison de production Rotana, dirigée par le prince al-Walid ben Talal. Devenue une star dans le monde arabe, des côtes marocaines jusqu’au Golfe, la chanteuse s’est retrouvée à l’étroit dans la “trop grande” écurie saoudienne où plus de cent artistes tentent de cohabiter. Elle a donc rompu son contrat, quitté son agent de l’époque pour monter sa petite entreprise. Aujourd’hui, Haïfa Wehbé gère trois bureaux de représentation : un à Beyrouth bien sûr, un au Caire et un autre à Dubaï. Chacun emploie quatre personnes, encadrées par un avocat gérant les contrats de l’artiste, un responsable logistique et un responsable marketing, Firas Fawaz. Selon ce dernier, « Haïfa est vraiment libre de faire ce qu’elle veut depuis son départ de Rotana, à la fois sur le plan artistique mais aussi sur le plan des affaires ».
Mais il est impossible d’évaluer aujourd’hui la fortune globale des activités d’une chanteuse qui se garde bien de dévoiler le moindre chiffre. Il est probable que ses revenus annuels dépassent plusieurs millions de dollars. Ce chiffre d’affaires se répartit selon trois catégories : la musique, les contrats publicitaires et les “à-côtés”, comme sa propre ligne de bijoux.

Au moins 50 000 dollars par soirée
Dans le domaine musical, son activité première, ce ne sont bien évidemment pas les disques qui rapportent le plus, mais les concerts et les soirées privées. « Elle assure en moyenne quatre à six concerts par mois, la plupart hors du Liban », assure Firas Fawaz. Les concerts de Haïfa Wehbé se monnaient donc très bien : selon deux sources proches de la chanteuse, cela va de 50 000 dollars pour une apparition le soir de la Saint-Sylvestre à 150 000 dollars (pour le festival de Mascate en 2006). Au-delà des simples concerts, il y a également ses participations à des soirées privées ou à des mariages : « Elle est l’artiste arabe la mieux payée, poursuit Fawaz. Pour les mariages, le tarif dépend du client et de la date, mais il dépasse souvent 50 000 dollars. » Dans ce contexte, la sortie d’un disque paraît presque anecdotique. D’ailleurs, Haïfa Wehbé n’a plus sorti d’album depuis deux ans. « Elle se contente de produire des “singles” de temps à autre pour rester visible aux yeux du grand public qui en demande toujours davantage », ajoute Fawaz.
Sa liberté post-Rotana lui a donc offert une véritable indépendance. Sous contrat, elle était obligée de diffuser ses clips sur les chaînes du groupe, une politique d’exclusivité qui ne lui convenait plus. À présent, Haïfa Wehbé met en boîte ses chansons et ses clips autoproduits et attend l’offre la plus intéressante de la part des chaînes de télé pour la diffusion de ses clips. Selon Cynthia Mehanna, la précédente responsable marketing de la chanteuse (citée dans le magazine Trends édité à Dubaï), « Haïfa reçoit de nombreuses offres, mais elle attend celle qui remplira toutes nos conditions. La stature de Haïfa lui permet d’être exigeante. Pour les clips, elle demande la prise en charge des frais de production, de promotion, plus des royalties ». Le système a ses avantages : la chanteuse limite ses frais et décuple ses revenus. À l’automne dernier, elle a ainsi vendu un clip à une chaîne arabe pour une diffusion exclusive sur 30 jours (ces droits couvrant 70 % des coûts de production) avant d’élargir la diffusion aux autres chaînes demandeuses.

Des bijoux dans son soda

Les contrats publicitaires sont un filon tout aussi lucratif pour la chanteuse, dont la popularité ne se dément pas, année après année. Dans ce domaine, elle s’est taillée la part du lion avec Pepsi. Au moment de la Coupe du monde de football en 2006, elle est entrée dans la politique marketing de Pepsi Co. basée à Dubaï dans une première campagne conjointe avec le footballeur français Thierry Henry. L’année dernière, elle a aussi partagé la tête d’affiche avec d’autres compatriotes pour la campagne du film “Bahr al-noujoum” dont la sortie est prévue bientôt.
Haïfa Wehbé est sous contrat avec la marque américaine de cosmétique Revlon, la chanteuse ayant été considérée par la société Gollin Harris à Dubaï (en charge de Revlon pour la région) comme « la mieux à même de représenter l’image féminine du Moyen-Orient ». Dans le domaine de la joaillerie, les grandes marques se disputent ses faveurs, comme Cartier, Damas Jewellery (dont elle était l’égérie il y a quelques années avant de céder la place à Nancy Ajram) et Chopard, la maison dont elle a porté les bijoux au Festival de Cannes. En 2006, elle a d’ailleurs poussé l’idée un peu plus loin, en créant sa propre ligne, commercialisée sous le label “H” et réalisée par la célèbre maison libanaise Mouawad. Là encore, la star observe un mutisme absolu sur le montant de ses contrats. Seul un chiffre – faramineux – a été dévoilé à la presse sans être confirmé par l’intéressée, et ne concerne en rien ses activités professionnelles. En 2005, elle a rompu des fiançailles avec le businessman saoudien Tarek al-Jafali, moyennant compensation : quatorze millions de dollars, une immense villa au Liban et une Porsche.