l n’existe pas de données globales officielles récentes sur le marché du chauffe-eau solaire au Liban, mais parmi les professionnels du secteur, le constat est consensuel : les ventes sont en croissance. Le LCECP, projet du centre libanais pour la conservation énergétique, a évalué le parc de panneaux solaires installés au Liban en 2005 à 120 000 mètres carrés, sachant qu’il faut en moyenne trois m2 pour couvrir les besoins en eau chaude d’une famille de quatre personnes. Tandis que pour l’ALMEE (Association libanaise pour la maîtrise de l’énergie et de l’environnement), il était d’environ 178 000 mètres carrés fin 2004.
Depuis lors, l’augmentation des prix du fuel n’a fait qu’accélérer la demande pour ces installations écologiques. La croissance du marché est passée à la vitesse supérieure : de 20 % en moyenne par an avant 2005, les professionnels du secteur l’estiment aujourd’hui à 30 %. Il est vrai qu’avec environ 50 mètres carrés de capteurs solaires installés par 1 000 habitants, le Liban a beaucoup de retard à rattraper par rapport à des pays tels que la Grèce et Chypre avec qui il présente des similarités géographiques : le taux d’équipement y était en 2005 de 302 et 615 mètres carrés pour 1 000 habitants respectivement.
Cette hausse est d’autant plus notable qu’elle intervient dans un contexte triplement difficile : une situation économique globalement morose qui affecte le pouvoir d’achat des ménages ; le renchérissement des prix des chauffe-eau dû à l’envolée des prix des matières premières ; et, enfin, l’absence d’un acteur majeur pour le marché : l’État. À défaut d’une vraie politique publique de sensibilisation aux bénéfices économiques et écologiques du solaire, le secteur privé défriche le marché avec ses propres moyens, encouragé il est vrai par l’appétit des consommateurs. « Une annonce dans un journal et je reçois chaque jour une vingtaine d’appels », assure l’un des fabricants. Certaines banques , comme la Lebanese Canadian Bank et le Crédit libanais,se sont également intéressées à ce créneau et proposent des prêts sur un à trois ans à taux zéro pour financer l’achat d’un chauffe-eau solaire.
Le marché a longtemps été dominé par des fabricants locaux fournissant des solutions fondées sur une technologie simple, les capteurs thermiques plans. Un système de 200 litres produit au Liban coûte 900 dollars contre 1 200 pour un grec et 2 500 pour un allemand.
Mais cette suprématie est contestée depuis l’arrivée de la technologie chinoise du tube sous vide, plus compétitive avec un prix de départ à 800 dollars pour un système de 200 litres. Sa part de marché était de 18 % en 2005, elle serait de 50 % aujourd’hui, selon Jean-Paul Sfeir , président de l’Association libanaise des industriels du solaire (ALIS)
Plusieurs fabricants, à l’instar de Falcon et de Sky Energies, se sont récemment convertis partiellement ou totalement à l’importation optant, entre autres, pour ces produits chinois moins chers. Solarnet est le seul fabricant libanais à se lancer dans la production de systèmes utilisant des capteurs à tubes sous vide.