L’Association pour le développement rural (ADR), présente dans le Sud, a inauguré début juin 84 logements sociaux destinés aux pêcheurs de Tyr. Dénommé al-Baqaa (“la survie”) le projet avait été lancé en 2001. « Les pêcheurs figurent parmi les populations les plus pauvres du Liban. À Tyr, ils sont environ 600 à tenter de vivre de ce métier. Mais leur situation se dégrade : pénurie des ressources, techniques obsolètes, zones de pêche limitées… En 2006, on estimait leur revenu à 17 dollars par jour et par famille. Aujourd’hui, c’est moins de 10 dollars », explique Youssef el-Khalil, président de l’ADR. Sans contrat de travail et avec une activité marquée par une forte saisonnalité, les pêcheurs n’ont pas accès à des prêts immobiliers. « Leurs conditions de vie dans le Vieux Tyr sont marquées par la promiscuité entre famille, l’insalubrité des bâtiments. » C’est pourquoi, « ce sont les pêcheurs eux-mêmes qui, via leur coopérative, ont initié ce projet. Nous avons fourni le principal apport financier et l’aide technique. » Situé à l’extérieur de la ville, dans la région d’Abassih, au nord de Tyr, le terrain, sur lequel l’ADR a choisi de construire les quatre nouveaux bâtiments, appartient à l’archevêché grec-catholique. Celui-ci en a accordé l’usufruit pour 320 000 dollars sur une durée de 99 ans renouvelables. L’archevêché obtient aussi quatre des 84 appartements, qui seront transformés en centre de services. Un prix attractif qui correspond à la moitié de sa valeur estimée, en 2008, à 600 000 dollars. L’ADR a financé ce programme, dont le coût total est évalué à quelque 2,6 millions de dollars, grâce à la Coopération internationale espagnole, son principal partenaire à hauteur de 40 %. Le reste a été financé par des dons privés et, à hauteur de 184 000 dollars par la Coopérative des pêcheurs. Les 80 familles bénéficiaires ont en effet payé environ 2 300 dollars pour accéder à ces appartements, d’une centaine de mètres carrés chacun (auxquels se sont ajoutés 700 dollars de charges diverses). Ce paiement s’est fait graduellement sous forme de participation à leur coopérative ces dix dernières années. Ils ne peuvent revendre qu’à d’autres pêcheurs, en accord avec leur coopérative.
« Entre la conception et la réalisation, le prix des matières premières a flambé, nous obligeant à quasi doubler le budget initial et à effectuer de nouvelles campagnes de donations. La guerre de 2006 a également retardé l’exécution pendant près de cinq mois », explique Youssef el-Khalil.
Environ 20 % des pêcheurs de Tyr bénéficient ainsi d’un nouveau cadre de vie, dont la conception de l’architecte Hicham Sarkis, directeur du programme de l’Aga Khan à l’université de Harvard, allie espaces communautaires et logements privatifs, a été saluée dans plusieurs revues professionnelles.