Un produit structuré est un instrument financier conçu par une institution financière fondée sur une combinaison d'options*, de swaps**, ou autres dérivés, pour optimiser la performance des actifs sous-jacents. Toute la qualité du “structureur” est d’arriver, en combinant ces options, à obtenir un produit cohérent qui réponde à une vision de marché bien claire. En général, les banques proposent des produits déjà structurés à leurs clients. Mais il arrive que certaines offrent à des clients avisés (pour une certaine taille d’investissement) des structures sur mesure pour répondre à une vision spécifique énoncée par le client lui-même.
Une structure toute simple consisterait à acheter par exemple une option jouant la hausse du marché (option “Call”) sur un horizon de cinq ans et à bloquer le reste des fonds disponibles dans un dépôt à rendement fixe. Le “structureur” pourra ainsi offrir à l’investisseur à la fois une exposition à la hausse et une certaine protection du capital. Si l’investisseur a au contraire une vision baissière du marché, le “structureur” remplacera alors l’option “Call” par une option “Put”.
Le produit structuré comprend nécessairement un émetteur, une maturité fixe et des actifs sous-jacents dont dépendra la performance finale suivant une formule mathématique définie à l’avance. Ces derniers peuvent être des actions individuelles, des indices boursiers (S&P500, Eurostoxx50…), des devises, des matières premières (or, pétrole…), des taux de référence (Libor, Euribor…), des matières agricoles, etc.
Par exemple, une banque peut structurer un produit offrant sur trois ans une exposition à la hausse du prix de l’or jusqu’à une limite de +30 %, tout en assurant une certaine couverture contre la baisse. Ce type de produit répondra spécifiquement aux attentes d’investisseurs tentés d’investir dans l’or par crainte d’une aggravation de la crise financière actuelle, tout en cherchant à se protéger contre une possible chute du cours provoquée par une éventuelle résorption de la crise.
Le fait que les sous-jacents ainsi que la méthode de calcul de la performance finale d’un produit structuré soient connus à l’avance assure la transparence de l’instrument, puisque l’investisseur a la possibilité de suivre continuellement l’évolution de la performance du produit en fonction de celle de son sous-jacent.
Les produits structurés sont des investissements passifs dans le sens où, une fois lancés, ni les sous-jacents, ni la maturité, ni la formule de calcul ne peuvent être changés. Ils diffèrent en cela des fonds d’investissement dont la performance dépend essentiellement de la gestion active de leurs gestionnaires.
Quels sont les risques liés aux produits structurés ?
Le risque principal d’un produit structuré est surtout lié au nom de l’émetteur du produit. C’est en général à lui d’assurer, à maturité, le remboursement du capital investi, en l’augmentant ou en le diminuant de la performance finale du produit. Donc, si l’émetteur fait faillite, sa capacité à assurer ce paiement est remise en cause et le produit structuré devient automatiquement caduc.
Avant la crise actuelle, le risque d’émetteur n’était pas un facteur important dans le choix des produits structurés du moment qu’il s’agissait d’une banque reconnue et bien cotée (Rating AA ou A). La faillite de Lehman Brothers et les difficultés actuelles des établissements financiers internationaux ont remis ce risque au goût du jour. Toutefois, ce risque doit quand même être relativisé dans la mesure où tout investisseur s’expose d’une façon ou d’une autre au risque d’un établissement financier, ne serait-ce qu’en y déposant ses fonds.
L’autre risque des produits structurés est lié à celui de l’actif sous-jacent. En effet, comme expliqué plus haut, la performance d’un produit dépend nécessairement de celle de son sous-jacent. L’investisseur peut donc perdre de son capital en cas de performance négative du sous-jacent. Ce risque est également à relativiser dans la mesure où tout placement repose obligatoirement sur un actif.
En revanche, ce risque ne concerne pas les produits structurés dits “ à capital garanti” qui offrent à l’investisseur de profiter à maturité de la performance positive du sous-jacent sans être exposé à la perte.
En fait, l’inconvénient majeur des produits structurés est de “bloquer” l’investisseur durant une période donnée, avec le risque de n’obtenir aucun rendement positif à maturité. Cette caractéristique est contraignante dans le cas où l’investisseur veut disposer de ses fonds avant l’échéance, ou encore dans le cas où la performance du sous-jacent se détériore rapidement dès le démarrage du produit. L’existence d’une période fixée à l’avance peut toutefois être considérée aussi comme un moyen d’imposer une certaine rigueur en poussant l’investisseur à garder ses positions sur le long terme et à ne pas céder à la panique en temps de crise.
À quoi servent les produits structurés ?
Les produits structurés ont ceci de particulier qu’ils peuvent être concoctés sur mesure et jouer la vision de l’investisseur quelle qu’elle soit (hausse, baisse, stagnation, scénario en cloche, forte volatilité…) et ceci quel que soit le marché sous-jacent. Par exemple, un investisseur convaincu de la forte volatilité du cours de change de l’euro par rapport au dollar, mais ne voulant pas se prononcer sur le sens de la variation, peut recourir à un produit structuré offrant un coupon fixe au cas où le cours varie de plus de 20 % par exemple, dans un sens ou un autre. Au cas où la variation est inférieure à 20 %, l’investisseur récupère juste son capital sans aucun rendement. Cette faculté d’adaptation à différents scénarios est unique dans le monde des instruments financiers. À titre de comparaison, les hedge funds ont bien des stratégies particulières sur des marchés précis, mais elles sont mises en œuvre à l’entière discrétion des managers de ces fonds sans aucune implication de la part de l’investisseur. Dans le cas des produits structurés, l’investisseur est invité au contraire à épouser la vision du produit et à en assumer une part de responsabilité, du fait qu’il est censé en avoir compris le mécanisme et accepté le risque du sous-jacent auquel il est exposé.
D’où viennent les appréhensions de certains investisseurs vis-à-vis des produits structurés?
Les appréhensions sont dues à trois facteurs. Le premier tient à l’amalgame qui est souvent fait entre une certaine catégorie de produits à risque et l’ensemble des produits structurés. Un investisseur qui a eu une ou plusieurs mauvaises expériences avec des produits structurés à risque (Reverse Convertibles, dérivés de crédit…) a tendance à se méfier de l’ensemble des produits structurés. À titre d’exemple, de nombreux investisseurs se sont retrouvés porteurs d’actions totalement dépréciées, car ils n’avaient pas suffisamment évalué le risque des Reverse Convertibles qui paient un coupon certes élevé, mais en contrepartie du risque de subir la baisse de l’action au cas où celle-ci chute au-delà d’un certain seuil. Étant donné l’étendue de la crise, la grande majorité des Reverse Convertibles se sont avérées perdantes. Quant aux dérivés de crédit, la faible sensibilité au risque de défaut qui prévalait avant la crise avait encouragé l’émergence de tels produits qui, en contrepartie d’une certaine prime de risque, faisaient encourir à l’investisseur, en un seul produit, le risque de crédit de plusieurs établissements en même temps. Or, après le déclenchement de la crise, il est apparu que cette prime de risque était nettement sous-évaluée au vu du risque réel de défaut de ces établissements.
Le deuxième facteur tient au fait que certains produits sont mal structurés, sans vision claire, avec des formules alambiquées ou des scénarios de performance improbables. Malheureusement, ce genre de produits est assez fréquent et nuit gravement à la réputation des produits structurés en général. C’est pour cela qu’avant de placer son argent, l’investisseur doit absolument avoir bien compris le mécanisme du produit… S’il n’y arrive pas, c’est souvent le signe d’une mauvaise structuration ! De même, un recours à un expert financier lui permettrait de mieux comprendre les ficelles du produit.
Le troisième facteur d’appréhension provient d’une attitude fréquente des investisseurs qui consiste à croire à tort qu’un produit est mauvais si sa performance est négative.
Or, il faut garder clairement à l’esprit que le rôle d’un produit structuré est de suivre une vision bien particulière des marchés et non de performer dans n’importe quel scénario. Ainsi, le produit peut être parfaitement bien structuré, mais avoir en fin de compte une performance négative au cas où la vision du produit ne s’est pas réalisée. Ainsi, un produit qui offre deux fois la hausse du marché jusqu’à une certaine limite et une fois la baisse est l’exemple type d’un produit très avantageux dans un scénario de hausse modérée des marchés, mais qui sera nécessairement perdant en cas de baisse. Or, dans ce cas, l’investisseur jugera le produit à sa performance finale oubliant tout son potentiel initial.
À noter par ailleurs que, pendant la crise actuelle qui a bouleversé la plupart des prévisions et donc affecté la performance de la majorité des produits structurés, les produits à “capital garanti” ont parfaitement joué leur rôle de protection puisqu’ils ont réussi au moins à préserver le capital de l’investisseur.
Mieux, à travers différents mécanismes de protection ou des structures non directionnelles (à travers lesquelles l’investisseur n’a pas à parier sur une tendance claire du marché – hausse ou baisse – mais uniquement sur la volatilité, c’est-à-dire l’ampleur de la variation), les produits structurés peuvent être considérés aujourd’hui comme l’un des instruments les plus appropriés pour profiter des bas niveaux actuels des marchés tout en tenant compte d’une éventuelle aggravation de la crise en 2009. L’un des exemples les mieux adaptés à un tel scénario serait un produit qui donnerait la performance du S&P500 (indice boursier américain) au bout de quatre ans en prenant comme niveau d’entrée le niveau minimum atteint au cours de la première année, ceci tout en assurant une certaine protection du capital (à condition que l’indice ne chute pas au-dessous de plus de 40 % par exemple). L’investisseur de ce produit sera nécessairement avantagé par rapport à celui qui se positionne directement sur le marché puisque, pour un même risque de sous-jacent, l’un profitera d’un niveau d’entrée plus bas en cas de baisse en 2009, tandis que l’autre subira pleinement cette baisse dès la première année. De plus, le premier bénéficie d’une protection conditionnelle du capital alors que l’autre est, dès le départ, entièrement exposé au risque de baisse.
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