Group Plus, spécialiste de l’affichage, a l’exclusivité de l’espace publicitaire de l’aéroport international de Beyrouth. Un contrat de quatre ans décroché au terme d’une longue bataille et obtenu au prix fort : 1,6 million de dollars versés chaque année au ministère des Travaux publics et des Transports. « Il s’agit de l’une des sommes les plus importantes de l’histoire de l’aéroport. Elle ne correspond absolument pas à la valeur réelle du lieu », admet le PDG et fondateur, Georges Chehwane.
Le nouveau contrat a pris effet en octobre 2007. Quelques mois plus tard, le compte est loin d’être bon. Seul 20 % de l’espace publicitaire est occupé. Les rares annonceurs sont des banques, quelques sociétés immobilières ou financières, des bijoutiers… « Le secteur touristique est sinistré et nous perdons beaucoup d’argent. L’interdiction de venir au Liban lancée par l’Arabie saoudite à ses citoyens est un nouveau coup dur. Certes, il faut faire le calcul sur quatre ans. Mais si la situation ne s’arrange pas dans les trois ou quatre prochains mois, cela deviendra alarmant et nous devrons trouver une solution. Je ne peux pas continuer à verser chaque année une telle somme à l’État ! »
Entre 2002 et 2006, Group Plus, déjà titulaire du contrat, ne payait que 800 000 dollars par an. L’affaire était à peine rentable. Lorsque le nouvel appel d’offres a été lancé en 2006, Georges Chehwane a donc décidé de se retirer de la course, avant de revenir sur sa décision. « Le marché a mal réagi, jugeant que je “perdais” l’aéroport, explique-t-il. Or, cette position reste importante en raison de la catégorie de passagers qui y circulent. Ce sont notamment des Libanais vivant à l’étranger, au fort pouvoir d’achat, ou des Arabes du Golfe qui viennent pour tourisme ou affaires. Par comparaison, l’aéroport de Dubaï compte près de 16 millions de passagers par an, mais 13 millions d’entre eux sont des ouvriers. Beyrouth reste un aéroport de prestige. » En 2007, Group Plus vient également de lancer sa société immobilière, Plus Properties. Les 380 m2 d’espace de l’aéroport permettront d’en faire la promotion.
Mais si la situation financière du régisseur devient intenable, Group Plus envisage de faire jouer sa clause de sortie, au terme d’un an de contrat. Les panneaux d’affichage de l’aéroport, désespérément vierges, seraient alors remis en jeu.