Installé au beau milieu de la rédaction, sans secrétaire, Ghayas Yazbeck assume sa “politique d’austérité”. Le bâtiment de l’Arab National Broadcasting, situé en dehors de Beyrouth, a été aménagé en quelques semaines seulement lors de son lancement en 2004. Diffusée en Europe, au Moyen-Orient et dans une grande partie de l’Afrique, la chaîne fonctionne depuis avec un budget annuel de 20 millions de dollars. Elle emploie 230 personnes, dont 160 au Liban. « Nous ne sommes pas partout et, à n’importe quel moment, nous faisons attention à chaque dépense, explique le directeur général de l’ANB, Ghayas Yazbeck, un ancien de la LBC, de la MTV ou encore de la Rai TV. J’ai une petite équipe qui tire parti au maximum des possibilités technologiques. »
Basée à Beyrouth, la chaîne est présente à Londres, où se trouve l’essentiel du département financier. Elle dispose également d’antennes en Palestine, en Irak, en Syrie, en Tunisie et au Maroc. Un choix de « bon sens », selon Yazbeck, puisque les médias doivent être présents dans les points chauds de la planète et dans les zones de mutation politique. Depuis sa création, l’ANB a par exemple deux journaux par jour entièrement consacrés à l’actualité irakienne, ainsi que plusieurs programmes hebdomadaires sur le sujet. Elle est également la première chaîne panarabe à avoir mis en place un bulletin exclusivement dédié à l’actualité du Maghreb : contrairement à la majorité des autres chaînes, l’ANB a choisi de se développer en Afrique du Nord plutôt que dans le Golfe. « Ces pays font partie intégrante du monde arabe. Ils sont négligés alors qu’il y a dans cette région un fort potentiel commercial, culturel et touristique. Dans le Golfe, on fait de la désinformation. Des chaînes prestigieuses s’y installent, mais elles ne parlent jamais de sujets de proximité, elles se contentent de faire de la promotion pour ces États. »
Malgré son budget serré, Yazbeck a plusieurs projets de développement. La rédaction, à l’étroit dans ses bureaux de Naccache, doit déménager d’ici au début 2009 dans un immeuble plus grand à Dbayé. Ce prochain quartier général possédera deux studios et des locaux plus spacieux pour la production. La chaîne devrait également investir au moins un million de dollars dans un van de diffusion. La seule source de revenus de l’ANB est la publicité, dont 60 % proviennent de l’étranger contre 40 % du Liban grâce à quelques programmes exclusivement libanais. Yazbeck refuse toutefois de communiquer des chiffres précis. « Nous ne sommes pas encore à l’équilibre, mais nous sommes sur la bonne voie. Nous avons déjà réduit de 75 % notre déficit. Si l’on continue sur cette lancée, nous devrions être rentables dans un ou deux ans », assure-t-il. Deux hommes d’affaires sont à l’origine de l’ANB : Boutros Khoury, magnat de l’immobilier établi notamment en France et en Angleterre, et Nazmi Aouchi, Irako-Anglo-Libanais, renommé dans le domaine de l’hôtellerie mais aussi présent dans le secteur pharmaceutique ou l’aviation. S’ils sont propriétaires de la chaîne, Yazbeck assure qu’ils n’influent pas sur la ligne éditoriale, la chaîne étant, selon lui, apolitique.
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